LA GUERISON SPECTACULAIRE DE PIERRE DE RUDDER 

LE 7 AVRIL 1875, UN RAPPEL DE CET EVENEMENT UNIQUE. 

Dr. PAUL DESCHEPPER 

Past President FEAMC

Mes grand-parents, habitant à Stalhille lez Jabbeke m’ont conté pour la première fois l’histoire de Pierre De Rudder. Cette histoire m’a toujours accompagné. Je suis désolé que cet évènement soit tombé dans l’oubli, non seulement chez les croyants, mais aussi dans les médias. 

Pierre De Rudder est né le 2 juillet 1822 à Jabbeke en Flandre Occidentale. Il a contracté un premier mariage le 15.07.1857 avec Sophia Theresia Mahieu (°1834 †09.05.1859); ils eurent un garçon:  Auguste (°26.07.1858 †07.02.1861). En deuxièmes noces, il épousa  Coleta Vandewalle d’Eernegem le 29 décembre 1859 dont il eut dix enfants dont sept sont décédés en jeune âge. Les trois enfants qui survivent la jeunesse sont: Silvie Marie, (°02.01.1861, †26.12.1910), un deuxième Auguste, (12.09.1872, †25.10.1890), et Eduardus, (°14.8.1879 †30.6.1957)  qui  sauva le nom de famille.

Pierre De Rudder était en service chez le vicomte Albéric du Bus de Gisignies, sénateur libéral de l’arrondissement Furnes-Ostende. 

Le 16 février 1867, Pierre De Rudder fut gravement blessé à la jambe gauche en abattant un arbre. Un arbre s’est retourné et est tombé neuf centimètres sous la rotule causant une fracture par éclats du tibia et du péroné gauche. Le docteur Affenaer d’Oudenburg a appareillé et plâtré la jambe gauche. Le plâtre fut retiré cinq semaines plus tard mettant en évidence une plaie gangréneuse en connexion avec le centre de la fracture. Le docteur Affenaer élimina à la hauteur de la fracture un fragment nécrosé créant un espace permanent de plusieurs centimètres au niveau du tibia. 

Voire photos ici:
http://www.fiamc.org/faith-prayer/the-healing-of-pieter-de-rudder/

Une deuxième plaie gangréneuse apparut sur le dos du pied gauche1. Environ deux semaines plus tard, le docteur Affenaer est revenu, sur demande urgente de Pierre De Rudder, car il souffrait énormément. Le docteur enleva le bandage et vit une colonie de vers et un abcès énorme au dos du pied gauche. Il a en suite arrêté le traitement, le cas étant désespéré. Pierre fut alité pendant une année entière. 

Pierre De Rudder s’est trainé ainsi pendant huit ans et dix mois. Chaque matin et chaque soir, il renouvela, avec l’aide de sa femme, son bandage. Le vicomte du Bus de Gisignies lui versa une pension importante de 7,56 Fr. par semaine. Ce fut la raison pour laquelle Pierre refusa une amputation. 

Pierre De Rudder a démontré à maintes reprises comment il pouvait faire pivoter son talon vers l’avant et ses orteils vers l’arrière dans un virage de 180 degrés! 

Sa jambe balançait comme un chiffon, se détachant presque; deux morceaux d’os perforaient la peau, dégageant une puanteur insupportable accompagné d’un suintement de pus. Il est également extrêmement amaigri pendant cette période. 

Ces faits sont un illustration évidente que le tibia et le péroné gauche furent fracturés: il s’agissait d’une fracture ouverte infectée: une pseudarthrose flottante2. A cette époque, il n’était pas possible de faire des radiographies. Les rayons X furent notamment découverts en octobre 1895. 

Seul un médecin ou un(e) infirmier/ère peut se rendre compte de la gravité et de l’état désespéré de son cas. 

A plusieurs reprises, Pierre De Rudder, qui récitait journellement son chapelet, suppliant la Sainte Vierge de le guérir, a demandé l’autorisation d’aller à Halle ou à Dadizele, mais ce fut chaque fois refusé par le vicomte libéral. 

En tant que “médecin des pauvres” et parce qu’il passait régulièrement, le docteur Van Hoestenberghe, omnipraticien à Stalhille, eut pitié de Pierre De Rudder. Il confirma cependant qu’il n’était pas le médecin traitant. A la fin de 1871, il est venu en consultation pour son fils Auguste. C’est à ce moment qu’il a vu la plaie pour la première fois. La fracture se situait sur le quart supérieur de la jambe gauche. Entre les fragments d’os nécrosé, il y avait un orifice de 2 à 3 cm. Les muscles étaient très atrophiés. Il y avait plusieurs fistules. Des mouvements contre nature étaient possibles. 

1 Chanoine A. De Meester J.C.D. De wonderbare genezing van PIETER DE RUDDER, Het Kanoniek Onderzoek 1907-1908, 1957, Oostakker, Basiliek van O.L.Vrouw van Lourdes. P. 97: le docteur Affenaer ôta l’appareil qu’il avait placé. Il trouva à ce niveau une plaie gangréneuse communiquant avec le foyer de la fracture… Le docteur enleva à l’endroit de la fracture un fragment osseux nécrosé, de telle sorte qu’il en résulta un écartement permanent de plusieurs centimètres entre les deux extrémités du tibia. Une autre plaie gangréneuse s’était formée au dos du pied. (lettre du docteur Boissarie, sur demande du pape Pie X.) 2 Ibidem page 48 : le docteur Affenaer fit sa deuxième visite, enleva le bandage, et se trouva devant une énorme colonie de vers, avec en outre un abcès énorme au pied. 

Le paragraphe entier ci-dessus est mentionné dans la lettre du docteur Van Hoestenberghe à Mgr. Faict, évêque de Bruges (12 mai 1875). Ce fut la réponse à la demande d’information de Mgr. Faict en date du 15 avril 1875. (La guérison de Pierre De Rudder a eu lieu le 7 avril 1875). Le docteur Van Hoesteberghe présente ses excuses pour cette réponse tardive.

L’épouse de Pierre De Rudder déclara plus tard aux pères Deschamps S.J. et Van Hoestenberghe S.J. (fils de leur médecin) que trois grands morceaux d’os nécrosés et plusieurs petits se sont détachés au début.

En tant que médecin, il est presque incroyable, que, dans un temps où les désinfectants et les antibiotiques manquaient complètement, Pierre De Rudder ait pu marcher dans cet état pendant huit ans et dix mois! 

Le vicomte Albéric du Bus de Gisignies a invité plusieurs médecins de Bruges, Bruxelles et Liège. Même le docteur Thiriar, médecin de Léopold II est venu chez lui. Tous ont diagnostiqué un cas désespéré où seulement une amputation pouvait offrir une solution. Pierre De Rudder a refusé de manière persistante ce traitement, parce qu’il perdrait alors sa grosse pension de 7,56 Fr (versée chaque semaine par le vicomte). 

Le dernier médecin a avoir soigné Pierre De Rudder est le docteur Verriest de Bruges. 

Pendant huit mois il est venu l’examiner deux fois par semaine. Constatant qu’il n’obtenait aucune amélioration, le docteur Verriest proposa de nouveau une amputation.5 En tant que Pierre De Rudder continua de refuser, le docteur Verriest décida qui’il s’agissait d’un cas désespéré et interrompit le traitement. 

La lettre, rédigée en français, par le tonnelier J. Houtsaegher, ami de Pierre, adressée au docteur Deschamps S.J. (du 29 juin 1899) est un document important. J. Houtsaegher témoigne: “A ma demande, il a dénudé sa jambe le vendredi avant sa guérison. Il enleva le pansement. C’était horrible à voir comment la saletés sortait et la puanteur que répandait la plaie. Voici ce que j’ai vu: la partie inférieure de la jambe gauche était tellement brisée que le pauvre pouvait tourner sans difficulté ses orteils vers l’arrière pendant que le genou restait en place. Lorsqu’il plia sa jambe, deux morceaux d’os étaient visible qui n’avaient plus une couleur naturelle, ils ressemblaient plutôt aux ossements que l’on trouve dans les cimetières”. 

3 Guérison subite d’une fracture. Récit et étude schientifique. Dr. Van Hoetenberghe , Dr.Royer, Dr. Deschamps S.J., page 39. 4 Chanoine A. De Meester: “De wonderbare genezing van Pieter De Rudder, Het Kanoniek Onderzoek van 1907- 1908. Pages: 245-246. Ces deux lettres de Mgr. Faict du 15 av ril 1875 et la réponse du Dr. Van Hoestenberghe du 12 mai 1875 ont longtemps été perdues et sont seulement retrouvées à l’évèché en septembre 1956! Elles n’étaient donc pas disponibles lors de l’enquête canonique de 1907-1908. 5 Ibidem, page 225… 

Leurs voisins, Edouard Van Hooren, et Marie Wittesaele ont vu le 6 avril 1875 (La veille de la guérison) la fracture dénudée de Pierre De Rudder. Les deux pièces d’os perforaient la peau, séparaient une plaie purulente de trois centimètres. La plaie ressemblait comme toujours avant: avec deux os en saillie, la jambe inférieure ballotait et pouvait être retournée. (rapport écrit par le vicaire)6

Après la mort du vicomte, son neveu Christian du Bus de Gisignies a vécu au château de Jabbeke. Il rendit régulièrement visite à Pierre De Rudder. Alors que son oncle lui refusait toujours de se rendre en pèlerinage à Oostakker, le nouveau châtelain lui a donné l’autorisation 7. Il a cependant supprimé sa pension hebdomadaire. 

Pierre De Rudder et son épouse Coleta quittèrent enfin leur domicile le 7 avril 1875 (dernier jour de leur neuvaine) à 4 heure du matin afin de se rendre à la gare de Jabbeke pour prendre le train de 6.45 h. Avec ses deux béquilles, il mit trois heures de marche sur une distance de deux kilomètres et demi. 

Le garde barrière de la station, Piet Blomme s’est moqué de lui et a dit: “Que voulez- vous faire à Oostakker, restez plutôt à la maison!” 

Trois personnes qui se trouvaient là, l’aidèrent à monter sur le train, deux d’entre elles l’accompagnèrent jusqu’à Bruges afin de l’aider à changer de train. Arrivé à Gand-Sud, ils ont pris le tramway à cheval jusqu’à la Dampoort. Là ils ont pris l’omnibus vers Oostakker. Le cocher les salua en disant: ”Encore un qui va perdre sa jambe!” Le cocher était mécontent de voir quelques gouttes de sang sur la moquette. 

En arrivant à la grotte de Marie, Pierre De Rudder se reposa un instant et but un peu d’eau. Il se traîna deux fois autour de la grotte. Un pélerin lui a cogné le pied lui causant une douleur intense. Au troisième tour, il se sentit indisposé. Son épouse et un assistant l ‘ont soutenu et amené au deuxième banc (afin de ne pas être cogné). Il s’assit un instant devant la statue de la Vierge et pria Marie, après avoir demandé l’absolution de ses péchés, pria Marie pour être guéri et prendre soin de sa famille. Tout à coup il s’est soudainement levé, s’agenouilla et chercha ses béquilles8. Alors qu’il était à genoux, il réalisa qu’il était guéri. Quand sa femme a vu cela, elle se senti mal. La jambe, qui était fort gonflée, avait retrouvé son volume normal et le pansement se détacha.9 De nombreux pèlerins furent témoin de cette guérison miraculeuse immédiate. Les béquilles furent abandonnées à la statue de la Sainte Vierge. 

Au dépit de ceux qui le nient, ce qui était impossible est quand même arrivé! 

6 Ibidem, pages 107-108. . 7Ibidem page 85. Témoignage de la vicomte du Bus. 8 Guérison subite d’une fracture. Récit et étude scientifique. Dr. Van Hoestenberghe, E. Royer, A. Deschamps S.J. Librairie scientifique L. Layaert, 29 rue Impériale, Bruxelles Nord, 1900. 

La marquise de Courtebourne a ensuite reçu le couple au château Slotendries. C’est là que fut établi pour la première fois que la jambe était complètement guérie. Une tâche bleu clair était encore visible à la cicatrice. 

Pierre De Rudder et son épouse ont fait encore trois fois le tour de la grotte et effectuèrent ensuite le retour sans béquilles, sans qu’il ne boite. 

La nouvelle de cette guérison spectaculaire se répandit rapidement. Lors de leur retour à Jabbeke, Pierre De Rudder et son épouse furent acceuillis chaleureusementl par une foule énorme. Les cloches de l’église de Jabbeke souhaitèrent également la bienvenue. 

Pierre De Rudder et Coleta se sont rendus ensuite à l’église de Jabbeke pour annoncer la bonne nouvelle au curé Slock. De là, ils se rendirent au cloître et au domicile du vicaire Aug. Rommelaere. Ils visitèrent en suite quelques bienfaiteurs et arrivèrent enfin à domicile9

Quand Pierre s’est soudainement levé dans la maison, son fils Auguste a crié avec anxiété: ”Papa, où sont tes béquilles?” 

Le docteur Affenaer voulut se mettre en premier à la hauteur de la guérison spectaculaire. Il n’a a pas trouvé Pierre à la maison; il rendait visite à un certain Charles Rosseel. Le docteur examina scrupuleusement la jambe et s’écria, les larmes aux yeux: « Pierre, tu es parfaitement guéri; ta jambe ressemble à celle d’un nouveau-né et non à un homme à la jambe fracturée! Un non-croyant deviendrait croyant en voyant tel miracle! » 

Ce texte du médecin est le plus beau témoignage de la puissance miséricordieuse de la Sainte Vierge Marie. 

Ces témoignages les plus anciens sont très importants. Le Révérend Scheerlinck, vicaire à Jabbeke a interrogé Pierre De Rudder avec le clergé de la paroisse le 18 avril 1875 (la semaine suivant sa guérison du 7 avril 1875) afin de l’interroger. 

Il publia son livre en néerlandais en 1876 (avec 24 autres guérisons à Lourdes- Oostakker). La traduction en français a suivi la même année. 

Suite à une décision du Pape Pie X, un examen canonique par le diocèse (tribunal ecclésiastique) a eu lieu en 1907-1908. Le docteur Van Hoestenberghe a été interrogé. Il déclara lors de la deuxième session de ce tribunal ecclésiastique (11 décembre 1907) qu’il a visité Pierre De Rudder le 9 avril 1875. Ailleurs j’ai lu qu’il a rendu sa visite quelques jours plus tard, n’ayant pas le temps… 

9 Ibidem, page 106. 

En s’informant chez sa femme de l’endroit où se trouvait Pierre, elle répondit qu’il était occupé à bêcher dans son jardin! Rentré, Pierre fit quelques pas de danse avec ses sabots pour prouver qu’il était guéri. L’examen démontra que la jambe n’était pas raccourcie, qu’il y avait une cicatrice assez grande sous le genou, et qu’une cicatrice plus petite a été retrouvée sur le dos du pied. 

«En frottant très minutieusement avec les doigts sur la cicatrice», écrit le docteur Van Hoestenberghe, « je n’étais pas le moins surpris de ne trouver aucune inégalité. La fracture était parfaitement consolidée ». 

Quelques jours plus tard, le bienheureux se rendit à nouveau à Oostakker afin de remercier la Sainte Vierge comme un bon chrétien10

Le 12 avril 1875, l’évêque de Bruges, Mgr. Faict, visite le guéri miraculeusement. Il interdit cependant de chanter un Te Deum dans l’église de Jabbeke le 8 avril 1875, le lendemain de la guérison! Comme souvent, l’église se méfiait des miracles. 

Pierre De Rudder a vécu pendant encore 23 ans. Durant cette période, il est allé 400 fois à Oostakker à la demande de malades afin de prier pour eux. Ceci a déclaré la vicomtesse du Bus. 

Pierre De Rudder est décédé le 22 mars 1898. Sa dépouille fut exhumée le 24 mai 1899. Le docteur Van Hoestenberghe a amputé les deux jambes et les a remises, après préparation professionnelle, au docteur Deschamps S.J. Des rayons X ont été pris à ce moment et également pendant qu’il vivait encore (18 juin 1897). Il s’agit probablement d’une des premières radiographies prises en Belgique, Roentgen ayant découvert les rayons X en 1895 (voir les clichés). 

Le docteur Boissarie de Lourdes (France), a demandé au docteur Royer de lui envoyer un rapport sur le cas Pierre De Rudder destiné au pape Pie X. Il a été présenté au Congrès des Médecins Catholiques qui a eu lieu à Rome à cette époque. 

En 1892, un article a paru dans les Annales de N.D. de Lourdes. Deux lettres du Dr. Van Hoestenberghe au Dr. Boissarie, “chef du Bureau des Constatations” y ont été publiées11

Le 21 octobre 1900, le Dr. Le Bec, vice-président de la Société de Saint Luc, Saint Côme et Damien, présenta à la réunion générale de cette société un rapport circonstancié de cette guérison immédiate. Il a montré à la centaine de médecins présents un moulage de la jambe guérie. 

10 Lourdes en Flandre, abbé Emile Scheerlinck, Gand, rue s. Georges 17, 1876. 11 Ibidem, page 460. Bruges refusa de signer un document sur la guérison miraculeuse de Pierre De Rudder. 

Une commission diocésaine s’est tenue en 1907-1908, a la demande de Mgr. Waffelaert à Bruges. Le chanoine A. De Meester compila tous les documents et témoignages dans son livre: ”De wonderbare genezing van Pieter De Rudder, het Kanoniek Onderzoek 1907-1908”12

Cela a conduit à la déclaration solennelle du 25 juillet 1908:”Mgr. Waffelaert, évêque de Bruges reconnaît la guérison miraculeuse de Pierre De Rudder le 7 avril 1875. Selon l’évèque, cette guérison ne peut être attribuée, qu’à une intervention spéciale de Dieu, obtenue par l’intercession de la très Sainte Vierge Marie”. 

Le livre du chanoine De Meester: ”De wonderbare genezing van Pieter De Rudder” contient non seulement tous les comptes rendus des médecins consultés mais également ceux des témoins. 

L’enquête canonique a été menée, en ce qui concerne la partie officielle, en latin. Tous les témoins ont dû jurer à genou, avec la main sur la Bible pour rendre leur témoignage.La validité des textes a été confirmée par la signature du “notarius actuarius“ René Deschepper. 

Il faut noter que le Dr. Verriest de Bruges a refusé de signer un document sur la guérison miraculeuse de Pierre De Rudder. Selon lui, il manquait un rapport médical, rédigé la veille de la guérison! 13 Voyant cela, le Dr. Affenaer a également refusé sa signature. 

De nombreuses enquêtes ont été menées, au fil des ans, notamment à la demande de Mgr. Faict .en 1875.14 A la suite de cette décision fut décidé d’exhumer les deux jambes de Pierre De Rudder au cimetière de Jabbeke. Elles furent transmises au Dr. Deschamps S.J. de Louvain et sont actuellement conservées à l’évêché de Gand. 

La discussion entre le Dr. Logie, médecin en chef de l’hôpital militaire de Bruges et le Dr. Deschamps S.J. en 1903 est surprenante. Le Dr. Logie a trouvé la guérison de Pierre De Rudder intéressante mais non miraculeuse. Au cours du débat, on a fait la remarque qu’aucune immobilisation n’avait eu lieu. Le Dr. Logie a répondu que le pansement et la douleur étaient suffisants pour assurer une bonne immobilisation15

12Ibidem, pages 49. 13 Ibidem, pages 44-47. 14 L’enquête de Royer, médecin à Avennes lez Liège sur demande du Dr. Boissarie de Lourdes; l’enquête de Clément de Pirquet-Van Ysendijck en 1894; l’enquête de Deschamps-Van Hoestenberghe en mai et en août 1899; l’enquête du Dr. Hoffman de Gouda en 1899; l’enquête de deux médecins de Londres, le Dr. Sherry et O’Donnell en 1905; l’enquête du Père Bolsius S.J. de Oudenbosch (Hollande); et naturellement la Commission diocésaine de 1907-1908. 15 Ibidem page 169:” le linge qu’il mettait autour de la jambe et la douleur suffisaient pour donner l’immobilisation nécessaire”. 

En tant que médecin, nous savons pourtant qu’une telle fracture ouverte et infectée ne peut guérir spontanément sans immobilisation stricte et sans antibiotiques. 

Les témoignages de la famille, des voisins et des connaissances de Jabbeke ont été rejetées par certains incroyants comme étant peu fiables en raison de leur manque de compétence (incompétence des profanes…)! Les déclarations des médecins furent considérées par certains comme douteuses vu leur âge… 

L’auteur Delcour note en 1987 qu’il est dommage que les premiers témoignages n’aient pas été enregistrés au cours des dix-huit premières années (most of the important testimonies in the case went unrecorded for eighteen years). Delcour déclare aussi que le Dr. Van Hoestenberghe (dans sa lettre du 12 mai 1875, adressée à Mgr. Faict et seulement retrouvée à l’évêché en 1956) n’a pas fait tourner la partie inférieure de la jambe gauche mais seulement en a entendu parler16. Ceci est inexact: le vicaire Scheerlinck a rendu visite à Pierre De Rudder endéans les huit jours et en a publié un livre:”Lourdes in Vlaanderen, Lourdes en Flandre” 1876. 

Le Dr. Van Hoestenberghe confirme qu’il n’a examiné qu’une fois la jambe gauche de Pierre De Rudder à la fin 1871, mais qu’il a visité Pierre De Rudder plusieurs fois par sympathie. 

Joe Nickell prétend en 2010 qu’une fracture ouverte et infectée comme celle de Pierre De Rudder pourrait être guérir sans amputation moyennant immobilisation et une bonne hygiène.17 

Comme mentionné ci dessus, chaque médecin sait que le cas Pierre De Rudder était complètement sans espoir, qu’il n’y a jamais eu d’immobilisation et que l’hygiène laissait à désirer. 

Adrien Delcour affirme,18 qu’une légère luxation de la hanche gauche permet sans effort de déplacer le grand orteil vers l’arrière. Ceci est possible chez des personnes flexibles, comme l’auteur même. Il n’a probablement pas lu que Pierre De Rudder mentionne régulièrement que lors de cette démonstration, il a fixé le genou gauche, ce qui fixait la hanche gauche. Pierre De Rudder l’a aussi démontré avec la jambe dénudée, ce que Adrien Delcour ignore. 

Pierre n’a non plus effectué un tour de force (stunt) le 7 avril 1875 à Oostakker, comme le prétend Joe Nickell: Pierre De Rudder aurait simulé sa guérison (malingering) à fin de mener une vie plus paisible.19 

16 Wikipedia, Belgian miracles. 17 Joe Nickell, Skeptical Inquirer Volume 34-1, Jan. Febr. 2010, Wikipedia. 18 Wikipedia: Delcour Adrien 1987: “A great Lourdes Miracle: the cure of Pierre De Rudder or what is the value of testimony? “ Paper by Delcour of Brussels, Belgium, translated by Jan Willem Niebhaus. 19 Joe Nickell, Skeptical Inquirer Volume 34-1, Jan. Febr. 2010, Wikipedia. 

Pierre De Rudder était une personne honnête et dévouée. Je ne le vois pas simuler sa fracture pendant huit ans et dix mois! 

Je conseille à Adrien Delcour de lire la lettre de Mme veuve Van den Berghe-Wyseur de Menin qui fut témoin le 7 avril 1875 du miracle: ”Alors, tout seul, sans l’aide de personne, il s’est levé, a fait quelques pas vers la grotte, suivi de sa femme, il s’est mis à genou, a étendu les bras et dit: “Wees gegroet Maria, onze Lieve Vrouwe, gij zijt zo bedankt” (Je vous salue Marie, Notre Dame, je vous remercie tellement!).20 

Apparemment les deux auteurs cités n’ont pas examinés à fond le dossier de Pierre De Rudder en’ont pas lu le livre du chanoine A. De Meester! 

Nous ne pouvons pas juger la guérison spectaculaire de Pierre De Rudder avec des critères contemporains: la fracture s’est déroulée à un moment où un médecin n’était consulté qu’en grande urgence, à une époque où l’on ne rédigeait que rarement un rapport médical et où aucun diagnostic radiologique ne pouvait être posé. 

Pendant le 19ème siècle, le lieu de pèlerinage de Lourdes-Oostakker attira beaucoup de pélerins. C’est la raison pour laquelle il fut décidé d’y bâtir une église. 

L’architecte gantois M. Van Hoecke-Peeters, qui avait construit la grotte a eu l’honneur de la concevoir. 

La première pierre a été posée le 22 mai 1875. Le sanctuaire a été inauguré solennellement le 11 septembre 1877 par le nonce apostolique Mgr. Vanutelli.21 

En 2025, Le 150ème anniversaire de la guérison miraculeuse de Pierre De Rudder sera certainement célébrée de manière grandiose. 

C’est pourquoi que j’ai voulu raviver cet événement, la guérison miraculeuse de Pierre De Rudder étant oubliée dans la communauté catholique flamande. 

L’étude du dossier de Pierre De Rudder, m’a convaincu qu’il s’agit d’une guérison médicalement inexplicable. En tant que chrétien croyant, je suis convaincu qu’il s’agit d’un miracle spectaculaire. 

Waasmunster 10 mars 2020 

deschepper.paul.fr@gmail.com 

20 A. De Meester, De wonderbare genezing van Pieter De Rudder, Het Kanoniek Onderzoek, 1907-1908, page 252. 21:”Van Lourdes naar Oostakker”, Onthaaldienst van de bedevaartplaats Oostakker-Lourdes, page 18. 

Pierre De Rudder après sa guérison spectaculaire, sous le genou gauche la cicatrice, une deuxième sur le dos du pied gauche. 

Radiographie des fractures guéries. Notez la calcification massive du tibia. 

A la droite le cal du tibia et du péroné gauche, photo des os préparés. 

Toutes ces photos proviennent du livre: ”De wonderbare genezing van Pieter De Rudder”. Het Kanoniek Onderzoek 1907-1908. Kan. A. De Meester, édité en 1957. Les radiographies sont exposées dans les locaux de la basilique N.D. de Lourdes à Oostakker.