Au début du mois de mai, le débat sur l’euthanasie pour des malades psychiatriques est revenu sous les feux de l’actualité, à la suite de nouvelles directives émises par les Œuvres des Frères de la Charité selon lesquelles les établissements psychiatriques qu’elles dirigent ne s’opposeraient plus d’office aux demandes d’euthanasie. Les évêques de Belgique reviennent sur ce débat dans une déclaration publiée ce lundi 22 mai.

La déclaration des Frères de la Charité avait créé des remous jusqu’au Vatican et fait réagir négativement le supérieur général à Rome – René Stockman, lui-même ancien frère provincial en Belgique – en profond désaccord avec cette nouvelle politique du réseau de centres de soins de santé émanant de sa propre congrégation.

Dans ce contexte, la conférence épiscopale belge a décidé de réagir. Dans leur déclaration, les évêques rappellent d’abord que si le texte d’orientation des Frères de la Charité en Belgique a suscité des réactions en sens divers, le débat sociétal sur la question de l’euthanasie pour des patients psychiatriques qui ne sont pas en phase terminale est ouvert depuis longtemps.

Avant d’aborder le sujet, les évêques belges réaffirme leur « profonde estime pour l’expertise et les soins attentifs de tant de personnes qui assurent la prise en charge de patients atteints de maux psychiatriques graves et de longue durée ». Et d’ajouter: « Nous nous rendons compte combien l’accompagnement des personnes qui se trouvent dans ces situations désespérées peut être difficile et délicat ».

Des questions fondamentales

Mais, en tant qu’évêques, ils insistent sur le fait qu’ils ne peuvent pas être d’accord que celle-ci soit pratiquée sur des patients psychiatriques qui ne sont pas en phase terminale. « Nous partageons ce point de vue avec des citoyens par-delà les traditionnelles frontières idéologiques. Notre point de vue ne signifie nullement que nous voudrions délaisser la personne en souffrance. Nous sommes conscients que la souffrance psychique peut être immense et qu’une personne peut ainsi se retrouver totalement désespérée et sans aucune perspective. Mais c’est précisément dans cette situation qu’il faut lui rester proche et ne pas l’abandonner. » Pour les évêques, cela implique de pouvoir proposer des soins palliatifs appropriés.

Sur le fond, les membres de la conférence épiscopale jugent que ce débat de société à propos de l’euthanasie posent des questions fondamentales: « qu’est-ce qui nous rend humain? qu’est-ce qui constitue une société humaine? qu’est-ce qui sert vraiment le progrès? ».

« Il y a de fait une limite et un interdit qui sont d’application depuis si longtemps, depuis les origines du vivre-ensemble des hommes. Si nous y touchons, nous portons atteinte aux fondements mêmes de notre civilisation. C’est la raison pour laquelle nous en appelons à une grande retenue et à la poursuite du dialogue sur ces questions », concluent les évêques de Belgique.

J.J.D.