Un Coeur miséricordieux ne veut pas dire un coeur faible

En ce temps de Carême, et inspirés par ces mots du Pape François, voyons un peu où en sont nos coeurs, comme médecins  dédiés à une bonne pratique médicale,  au service des maladies, et comme Chrétiens, qui essaient de marcher sur les pas de notre Tête, maître, Seigneur et Frère, Jésus Christ.

Le Pape François nous invite en ce temps de Carême à une double conversion du cœur: conversion à un plein service de nos frères, les malades, et ouverture de nos cœurs à Dieu.

« J’étais malade et vous m’avez visité ! »(Mt XXV,36). Cette phrase du Christ, jugeant les peuples à la fin des temps, prend un sens particulier, avec une insistance plus profonde, pour les médecins Chrétiens. Cet appel du Christ a été et est la base, le bloc de départ, et la pierre de touche pour toutes les vocations au service des maladies, dans l’Eglise. Pour les médecins chrétiens, elle a une signification encore plus profonde; c’est au travers de la qualité des soins qu’ils donnent, au travers de la perfection de leurs talents professionnels et au travers du don d’eux-mêmes à leurs patients que les médecins chrétiens peuvent répondre au mieux au commandement du Christ. En ce temps de carême, qui est un temps de grâce et de renouveau intérieur, regardons la façon  dont nous répondons au commandement du Christ, dans notre pratique de tous les jours . Le Pape François met le doigt, dans son message de Carême, sur le vrai problème de notre monde, aujourd’hui. C’est le problème de l’indifférence. Le Pape François dénonce cette « indifférence   réelle du monde”. C’est une indifférence en deux sens : indifférence vis-à-vis du prochain, indifférence vis-à-vis de Dieu. » « Quand nous sommes en bonne santé, et à notre aise, nous oublions les autres » dit le Pape.  Par bonheur, cela peut ne pas s’appliquer à nous.  Il n’en reste pas moins que l’influence du monde, de la culture, des médias, de l’atmosphère de  cette société libérale dans laquelle nous vivons, a son influence sur nous. Le danger pour les médecins chrétiens est qu’ils se mettent à se comporter simplement  comme les autres, comme les médecins non chrétiens, c’est-à-dire en bons professionnels, certes, mais en laissant leurs cœurs s’endurcir, avec le passage du temps, et en devenant ainsi moins généreux, moins attentifs aux patients dont ils ont la responsabilité. Ce temps de carême est un temps pour les médecins chrétiens de jeter un coup d’œil à leur attitude quotidienne vis-à-vis des malades qu’ils reçoivent, qu’ils examinent, qu’ils traitent et qu’ils suivent. Dans les soins quotidiens dont ils ont la charge, comment va la partie professionnelle, en termes de qualité de soins, d’attention au diagnostic correct, de suivi attentif des patients, et comment va la partie humaine, en termes d’attention à la personne avec laquelle ils parlent, de soin pour cette personne, de dialogue avec cette personne. ?  Se comportent-ils seulement en bons professionnels – ce qui est de fait la première exigence – ou se comportent-ils aussi comme personnes au bon cœur, combattant la tendance naturelle à l’égoïsme et à l’indifférence, afin de répondre au commandement  du  Christ ; « J’étais malade et vous m’avez visité » ?

Le deuxième point que le Pape Francis nous indique comme  but pour le Carême est la  croissance spirituelle. Le Pape Francois nous rappelle que le monde développé est devenu indifférent à Dieu. En fait le monde évite de parler de Dieu, comme il évite de parler de la mort. Il a construit une sorte de blindage autour de lui, un blindage épais pour se séparer de Dieu, afin de croire que l’homme est le maître,  maître de lui et de sa destinée, maître de son évolution et même  maître de sa propre vie. Nous avons tendance à vivre et agir comme si nous étions immortels, sans autres biens valables que les biens matériels,  et, par-dessus tout,  l’argent. Nous avons construit un monde d’illusion, un monde sec, insatisfaisant. Nombre de nos contemporains ont perdu la dimension de la vie éternelle, ont perdu de vue le fait que nous ne sommes pas des chiens ou des chats, que nous sommes appelés à une vie bien supérieure à cette vie terrestre.  Et ceci est le drame de l’homme d’aujourd’hui dans les pays les plus riches. Il  s’est coupé du ciel, en le niant et il recherche désespérément un ciel terrestre, construit par l’homme, qui n’existe pas. Ses rêves  sont devenus technologie, comme si la nanotechnologie, la stimulation cérébrale, les superordinateurs, ou la biologie synthétique pouvaient lui apporter cette plénitude qu’il ne peut trouver qu’en Dieu,  par Dieu. Nous ne sommes peut-être pas encore des fanatiques du transhumanisme,  mais l’indifférence du monde envers Dieu, ou son rejet de Dieu peuvent avoir à la fin une certaine influence sur notre façon de penser. Il nous conduit au matérialisme, nous fermant de Dieu, si nous ne prenons pas garde à cette influence, si nous laissons s’éteindre dans notre cœur la flamme du Saint Esprit.  Si nous avons à prendre soin des autres, nous avons aussi à prendre soin de nous-mêmes, de notre vie spirituelle. Ainsi, donnons un peu plus de temps à Dieu, en ce temps de Carême, qui est pour la purification et pour la croissance spirituelle. Faisons un peu de place à l’Esprit Saint dans nos cœurs. Enlevons la cape de l’indifférence qui a peut-être recouvert notre cœur à partir de l’atmosphère mondaine que nous respirons. Nous entendons parfois des sermons sur la façon d’atteindre Dieu. En fait, c’est en sens contraire que nous devons opérer ; nous avons à enlever la cape de l’indifférence afin de laisser Dieu pénétrer notre cœur. Parce que Dieu nous veut, il veut venir habiter dans nos cœurs.

Ainsi, le Pape Francois  nous conseille, pour ce Carême, « comme une voie pour surmonter indifférence et prétention à l’autosuffisance », de nous engager dans ce qu’il appelle « une formation du cœur ».  Un cœur qui secoue le manteau d’indifférence autour de lui,  un cœur qui se laisse être atteint par Dieu, un cœur « fort et miséricordieux,  attentif et généreux”, le cœur d’un médecin chrétien.

Père Jacques Suaudeau

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/messages/lent/index.html

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A merciful heart does not mean a weak heart

In this time of Lent and inspired by these words of Pope Francis, let us look on our hearts, as physicians dedicated to good medical practice, and to the service of the sick, and as Christians, who try to walk in the footsteps of our head, master, and brother Jesus Christ.

Pope Francis invites us in this time of Lent to two conversions of the heart:  conversion to a true service of our sick brothers and opening up of our hearts to God.

I was sick and you visited me” (Mt XXV, 36). This sentence from Christ, judging all people at the end of the world, takes a particular sense, with a more profound urge, for Christian medical doctors. This call of Christ has been and is the basis and the stepping-stone for all vocations to the service of the sick, in the Church. For Christian medical doctors, it carries with it an even deeper meaning:  it is through the quality of the care they are giving, through the perfection of their professional skills, and through their dedication to their patients that Christian medical doctors can best answer to the command of Christ. In this time of Lent, which is a time of grace and of inner renewal, let us look on the way we answer to the command of Christ through our everyday practice. Pope Francis pointed out in his message for Lent, this year, the true problem of our world, today. It is the problem of indifference. Pope Francis denounces this “actual indifference of the world”, a two ways indifference: indifference toward the neighbor and indifference toward God. “When we are healthy and comfortable, we forget about others” says the Pope. This may not be the case for us, fortunately.  But still, the influence of the world, of culture, of medias, of the atmosphere of this liberal society in which we are living, has effects on us. The danger for Christian medical doctors is to behave just like others, non Christian doctors, that is, being good professionals, indeed, but letting our hearts to harden with the passing of time, and so becoming less generous, less attentive to the patients we care.  This time of Lent is a time for Christian doctors to take a look to their everyday attitude toward the sick people they receive, they check, they treat, and they follow. In the daily care which they assume, how much is the professional part, in terms of quality of care, attention to correct diagnosis, careful follow up of patients, and how much is the humane part of it, in term of attention to the person they speak with, care for that person, dialogue with that person.  Are they behaving only as good professionals – which is indeed the first request – or are they also behave as people with good hearts, fighting against the natural tendency to selfishness and indifference, in order to reach the command of Christ: “I was sick and you visited me”?

The second point that Pope Francis exhorts us as an aim for Lent is spiritual growth. Pope Francis recalls us that the developed world has become indifferent to God.  In fact the world avoids speaking of God, as it avoids speaking of death. It has built a kind of armor-plate around itself, a thick armor-plate to separate us from God, in order to believe that man is the master, master of himself and of his destiny, master of his evolution and even master of his own life. We tend to live and to act as if we are immortals, with no other worthy goods than the material ones, and, above all money. We have built a world of illusion, a dry, unfulfilling world. Many of our contemporaries have lost the dimension of eternal life, have lost the fact that we are not dogs or cats, that we are called for much better than this earthly life. And this is the drama of contemporary man in the richest countries.   He has cut himself from heaven, denying it, and he is looking desperately for an earthly heaven, man-built, which do not exist. His dreams have turn to technology, as if nanotechnology, brain stimulation, supercomputers, or synthetic biology could bring him this fulfillment which he can find only in God, through God.  We may be not yet fans of transhumanism, but the indifference of the world toward God, or its rejection of God may have at the end some influence on our way of thinking. It drives us toward materialism, shutting ourselves out of God, if we are not careful about this influence, if we let extinguish in our heart the flame of the Holy Spirit.   If we do have to take care of others, we do have also to take care of ourselves, of our spiritual life. So, lets us give a little more time to God, in this period of Lent, which is for purification, and spiritual growth. Let us make some room to the Holy Spirit in our hearts. Let us remove the cloak of indifference that may have crept around our hearts, from the worldly atmosphere that we breathe. Sometimes we hear sermons about how to reach to God. In fact, it is the contrary that we should operate:  we have to remove the cloak of indifference in order to let God to reach out to our hearts. Because God want us, wants to inhabit our hearts.

So, Pope Francis advises us, for this Lent, “as a way of overcoming indifference and our pretension to self-sufficiency”, to engage in what he calls “a formation of the heart”.  A heart which shakes the cloak of indifference around it, a heart which let itself to be reached by God, a heart  “firm and merciful, attentive and generous”, the heart of a Christian medical doctor.

Fr Jacques Suaudeau

Ecclesiastical Assistant of FIAMC

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/messages/lent/index.html