Onction des malades

L’onction des malades, un sacrement pour la vie

Les données de la Bible et de la Tradition de l’Église

♦ L’attitude de Jésus à l’égard des malades

L’attitude de Jésus vis-à-vis des malades et des handicapés n’est pas un à côté de son ministère. Elle en est comme le cœur. Citant Isaïe, il déclare aux disciples de Jean qu’il est «Celui qui doit venir» et il en donne les signes : «les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent» (Mat 11, 5). Ces signes annoncent que les temps messianiques sont accomplis et que le Règne de Dieu est advenu. Cette présence de Dieu est déjà un réconfort et une consolation.
Jésus n’est pas seulement un guérisseur, mais le Sauveur. Quand il guérit, il propose une libération qui n’est pas que physique : c’est la libération du mal et du péché. La foi en lui est requise : «Va, ta foi t’a sauvé». Le salut qu’il apporte concerne toute la personne. Ainsi le sacrement de l’onction trouve son fondement dans le comportement de Jésus à l’égard des malades.
On peut voir un geste avant-coureur de ce sacrement dans l’activité des Douze envoyés en mission : «Ils chassaient beaucoup de démons, ils faisaient des onctions d’huile à beaucoup de malades et ils les guérissaient» (Mc 6, 13).
Dans la lettre de Jacques, la tradition catholique trouve la forme initiale du sacrement : «Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les presbytres (les anciens) de l’Église et qu’ils prient sur lui après l’avoir oint d’huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S’il a commis des péchés, ils lui seront remis» (5, 14-15). Ce texte atteste la pratique de l’Église des débuts qui, remplie de l’Esprit de Jésus, trouve les gestes concrets pour exprimer sa sollicitude envers les malades.
Au cours des siècles, nous constatons que l’Église porte toujours une attention spéciale aux malades. Au Moyen-Âge, à la pratique des onctions pour la guérison corporelle des malades va se joindre celle de la réconciliation des pécheurs à l’article de la mort. Cette réconciliation se faisait aussi par une onction, la dernière avant la mort, d’où le nom «d’extrême-onction». Cela explique l’accent mis sur l’effet spirituel du sacrement. Le concile de Trente, au XVIe siècle, en réponse aux protestants qui refusent, et la lettre de Jacques et l’existence d’un sacrement pour les malades, enseigne que l’effet spirituel du sacrement est prioritaire par rapport à l’effet physique. L’enseignement du concile de Trente contribua donc àconsidérer l’onction des malades comme faisant partie des «derniers sacrements» que tous les chrétiens doivent recevoir à l’article de la mort.
La Constitution sur la liturgie de Vatican II, tout en gardant l’expression «extrême-onction» reconnaît qu’il est mieux de l’appeler «l’onction des malades» (no 73). Ce changement de terminologie a beaucoup d’impact dans la pratique pastorale. Ce sacrement ne peut plus être considéré comme le sacrement des mourants et des personnes en danger de mort, mais bien celui qui s’adresse «aux fidèles dont la santé commence à être dangereusement atteinte par la maladie et la vieillesse» (Rituel, note 57).

La célébration liturgique de l’onction des malades

Pour la célébration, il est important de tenir compte de la situation du malade et de son entourage. La célébration comprend un temps d’accueil, une écoute de la parole de Dieu et la liturgie du sacrement.
La liturgie du sacrement se compose de quatre parties :
• La prière accompagnée de l’imposition des mains sur la tête du malade. Ce rite est un signe de fécondité spirituelle qui est l’œuvre de l’Esprit. Pour ce sacrement, il est signe de compassion, de consolation et d’encouragement.
• La bénédiction de l’huile ou l’action de grâce (si l’huile est déjà bénite).
L’onction sur le front et sur les mains du malades, avec la formule suivante qui exprime bien le sens et les effets du sacrement : N., par cette onction sainte, que le Seigneur en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. R. Amen. Ainsi vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève. R. Amen.
• Un moment de prière universelle qui s’achève par le Notre Père.

Le sacrement est célébré par une onction d’huile bénite par l’évêque lors de la messe chrismale de la Semaine sainte. Dans la Bible, l’huile est un élément d’une grande richesse symbolique. Elle exprime la prospérité (Dt11, 4; Os 2, 24), la force et le bien-être (Ez16, 9); elle est un symbole de la fête et du bonheur d’être ensemble (Ps 133, 2); la richesse du don de Dieu et la consécration (I Sam 10, 1-6); elle signifie aussi le soulagement et la guérison (Is 1, 6 : Jr 8, 22; Mc 6, 13; Lc10, 34). La mentalité contemporaine occidentale n’entre pas facilement dans ce richeunivers symbolique de l’huile. Nous utilisons cependant des huiles pour soulager et détendre des muscles endoloris.
On devra valoriser le geste même de l’onction autant que l’huile. Il ne faut pas le réduire à une petite croix faite rapidement avec un peu d’huile qu’on s’empresse d’essuyer aussitôt. Le geste de l’onction est aussi riche de sens. Il évoque l’activité de celui qui, attentif au malade, lui vient en aide. Ce geste fraternel renvoie au comportement de Jésus à l’égard des malades et à la parabole du bon Samaritain (Lc10, 34). Les onctions se font sur le front et sur les mains du malade. Elles expriment que le sacrement est destiné à la personne malade dans sa totalité, comme être pensant et agissant.
L’onction des malades est présidée par l’évêque et le prêtre.

Réflexions théologiques et pastorales

Avec Vatican II et le nouveau Rituel, ce sacrement n’est pas d’abord le sacrement des mourants ou de la dernière préparation pour le ciel, mais celui des malades. Le sacrement des mourants est l’eucharistie donnée en viatique.

♦ La dimension «épiphanique» de l’onction

Ce sacrement est un signe efficace de sollicitude du Christ ressuscité et de son Église pour les malades. Il manifeste que le malade est toujours sous le regard du Christ et que la maladie n’est pas une punition, ni un signe de l’absence de Dieu. Il révèle le vrai visage de Dieu que veut la vie et le bonheur des humains et qui s’oppose à toutes les formes de mal. Le sacrement dit aussi au malade la solidarité de l’Église avec lui par sa prière et son intercession.

♦ Une grâce spéciale de réconfort au temps de la maladie.

Par ce sacrement, le malade reçoit «un renouveau de confiance en Dieu et des forces nouvelles» pour vivre sa maladie en union au Christ (Rituel, note 54). Le Christ lui apporte la paix, le courage pour lutter contre le mal, la force pour vivre la foi, l’espérance et la charité dans sa situation. Il réconforte le malade pour qu’il puisse se remettre totalement au Seigneur, quel que soit l’issue de la maladie. Dans une situation où la personne malade expérimente la solitude et la dépendance des autres, le sacrement l’aide à découvrir et à apprécier de nouvelles formes de solidarité et à reconnaître les dévouements et les services de ceux et celles quil’entourent.

Le pardon des péchés

La tradition de l’Église et le nouveau rituel, s’appuyant sur le texte de la lettre de saint Jacques, reconnaissent que ce sacrement apporte au malade le pardon de ses péchés et mène à son achèvement sa démarche de conversion (Rituel, note 55). Il est donc le signe de la présence salvatrice du Christ qui apporte au malade le salut de toute sa personne, y compris le pardon des péchés.

♦ La guérison

La guérison est mentionnée explicitement dans le texte de Jacques (5, 14) et elle est évoquée dans la formule qui accompagne les onctions. Il est certain que ce sacrement n’est pas un «remède» parmi d’autres, mais il réconforte le malade dans tout son être, même dans son corps. Le malade qui célèbre le sacrement n’abdique pas sur le plan médical; au contraire, il trouve une force supplémentaire qui peut favoriser sa guérison.

♦ La dimension ecclésiale

Ce sacrement n’est pas célébré seulement pour le profit du malade, mais pour l’édification de toute l’Église. Il révèle à la communauté chrétienne la mission et l’œuvre du Christ auprès des malades. Il est aussi un acte de foi de la communauté dans la victoire du Christ sur le mal. C’est pourquoi il convient d’assurer une célébration communautaire de l’onction avec la participation active d’une petite assemblée formée des membres de la famille, d’amis et l’une ou l’autre qui assurent les services de santé. Le malade donne aussi à la communauté en partageant avec elle sa foi, son amour et son espérance dans une situation pénible qu’il essaie de vivre en communion avec le Christ.

♦ Un sacrement pour la vie

La tentation est grande de penser que la vie en situation de maladie est absurde. Il arrive même que nous mettions Dieu en cause : «Pourquoi Dieu envoie-t-il cette maladie ?» Or le sacrement de l’onction nous révèle que Dieu est présent au malade avec la puissance de résurrection qu’il a déployée en Jésus. Par tous les gestes d’aide et de service des soignants et des proches, le Christ rejoint concrètement le malade. Il revient au sacrement de l’onction de révéler cette présence et d’être le signe efficace de la victoire du Christ sur la maladie.

http://eglisecatholique-ci.org/index.php?page=onction

http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20050211_unzione-infermi_fr.html