Les centres psychiatriques des Frères de la Charité en Belgique ne sont plus «catholiques».

Publié le 5 mai 2020 by cathmedPOSTED IN belgique

Trois ans après la publication d’un texte de vision de la branche belge des Frères de la Charité concernant l’euthanasie dans les hôpitaux psychiatriques, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, organe suprême du Saint-Siège dans une décision formelle, en date du 30 mars ll. stipule que ces hôpitaux ne peuvent plus être considérés comme des entités catholiques. Dans le texte de vision, l’euthanasie était autorisée sous certaines conditions. Cela met fin à une route longue et pénible.

Immédiatement après la publication du texte de vision en 2017, le Supérieur général, le frère René Stockman, avait déjà réagi de manière désapprobatrice. Par la suite, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a demandé des éclaircissements et informé le pape François de la gravité de l’affaire. Des discussions ont suivi, ainsi que des rencontres entre la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique, le Secrétaire d’État, les Représentants des Frères et l’Association du Provincialat des Frères, et la Conférence des évêques belges, dans le but de donner l’occasion et l’espace pour le dialogue sur un thème extrêmement délicat et de parvenir ainsi à un accord sur la doctrine catholique à ce sujet dans un esprit de véritable loyauté envers l’Église («ecclesialità»).

Lors du Chapitre général à Rome, en juillet 2018, le respect absolu de toute vie a été confirmé sans équivoque: la Congrégation des Frères de la Charité croit en la sainteté et au respect absolu de toute vie humaine, de la conception au naturel mort. Le Chapitre général demande à tous les frères, membres associés et à tous ceux qui sont associés à la mission de la Congrégation d’observer l’enseignement de l’Église catholique sur les questions éthiques.”

Les Frères belges ont été priés de confirmer par écrit et sans équivoque leur attachement aux principes du caractère sacré de la vie humaine et de l’inacceptabilité de l’euthanasie, et par conséquent le refus total de le réaliser dans les institutions qui en dépendent. Après tout, l’euthanasie reste un acte inacceptable, même dans les cas extrêmes, car elle est «une grave violation de la loi de Dieu, car elle signifie le meurtre délibéré et moralement inacceptable d’une personne humaine» (Evangelium vitae, n ° 65).

Le pape François a déclaré il y a une semaine, dans un discours à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, “la vie est de plus en plus […] évaluée pour son efficacité et son utilité, de sorte que les vies qui ne répondent pas à ce critère sont considérées comme “des vies rejetées” ou “vies indignes”. Dans cette situation de perte de valeurs authentiques, les devoirs impératifs de solidarité et de fraternité humaine et chrétienne disparaissent. […] En raison de son destin éternel, la vie humaine conserve toute sa valeur et sa dignité, même dans des situations précaires et vulnérables, et en tant que telle, la vie exige toujours la plus grande attention”. (30 janvier 2020).

La Congrégation pour la Doctrine de la Foi résume: «La doctrine catholique affirme la valeur sacrée de la vie humaine; l’importance des soins et de l’orientation pour les malades et les handicapés; la valeur chrétienne de la souffrance; l’inacceptabilité morale de l’euthanasie, l’impossibilité d’introduire une telle pratique dans les hôpitaux catholiques, ainsi que de coopérer avec les institutions bourgeoises dans des situations extrêmes ». (Lettre de la Congrégation de la Doctrine de la Foi au Frère René Stockman, Supérieur général, 30 mars 2020).

“L’Organisation des Frères de la Charité en Belgique, responsable de le texte de vision:

  • refuse de reconnaître le caractère absolu du respect de la vie, ou plutôt s’interroge sur le fait que la vie d’une personne innocente doit “toujours” être respectée, laissant ouverte la possibilité d’exceptions;
  • se réfère à la loi belge sur l’euthanasie en ce qui concerne l’importance des soins et du conseil aux patients psychiatriques, qui ouvre clairement la possibilité aux patients psychiatriques non terminaux;
  • laisse la responsabilité et le droit d’accepter ou de refuser la demande d’euthanasie («acte médical») au médecin, à l’exclusion du choix de l’hôpital;
  • maintient la possibilité d’euthanasie au sein de l’Institut, tout en justifiant la famille pour éviter les tracas de trouver une autre solution. ” (ibidem)

Une visite apostolique du Mgr. Jan Hendriks n’a montré aucun pas dans la bonne direction: trouver une solution pratique qui évite toute forme de responsabilité de l’institution pour l’euthanasie. Par conséquent, le préfet de la Congrégation de la Doctrine de la Foi, Luis F. Cardinal Ladaria SJ, conclut que les frères belges n’ont pas la volonté d’accepter l’enseignement catholique sur l’euthanasie, de sorte que les hôpitaux psychiatriques fournis par l’Association du Provincialat des Frères de la Charité asbl en Belgique ne peut plus être considérée comme une entité catholique.

Dans un communiqué de presse, le Gouvernement Général de la Congrégation de Rome s’exprime à propos de cette “perte d’identité catholique pour nos centres psychiatriques en Belgique” comme iune “situation douloureuse pour la Congrégation”. Le conseil d’administration évoque «la longue histoire de la congrégation dans le développement des soins de santé mentale en Belgique. On peut dire sans prétention que les Frères de la Charité ont été l’un des pionniers des soins de santé mentale en Belgique dès le début du XIXe siècle, se référant aux figures de leur fondateur P.J.Triest et de leur premier médecin Dr.ir. J. Guislain, et les nombreuses générations de frères qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour être proches des patients psychiatriques avec amour et professionnalisme, pour prendre soin d’eux et leur donner un traitement approprié ».

Cependant, la Congrégation ne peut que “rester fidèle à son charisme de charité, qui ne peut être concilié avec la pratique de l’euthanasie sur les patients psychiatriques. La congrégation doit donc lâcher ses centres psychiatriques en Belgique le cœur lourd.”

Néanmoins, la congrégation «revient avec reconnaissance sur plus de 200 ans de soins aux patients psychiatriques en Belgique et remercie tous les frères et le personnel qui ont vraiment donné le meilleur d’eux-mêmes dans ces soins. Elle ne peut qu’espérer que les patients psychiatriques peuvent continuer à trouver un environnement sûr et curatif et que toute l’énergie peut continuer à aller vers des soins de qualité pour tous les patients, y compris ceux qui sont soi-disant dans une situation désespérée. Car c’est précisément pour ces derniers que la Congrégation a toujours fait le maximum de sa pensée et continuera de le faire pour leur donner une nouvelle perspective dans la vie. »

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