Fin de vie, restons simples ! Quelle est l’intention ?

Dr. Bertrand Galichon, Président du CCMF (Médecins Catho Français)

J’accuse les esprits éclairés et les esprits politiques partisans qui monopolisent l’espace médiatique grâce à la complaisance d’une large partie de la presse, de vouloir complexifier à loisir telle ou telle situation de fin de vie. Quel est le but de cette posture antidémocratique, condescendante? Faire comprendre au vulgum pecus que la question de la fin de vie est éminemment complexe. Et seuls les professionnels, les experts, les « sachants  autoproclamés » peuvent en juger. Notre dignité serait à ce prix ! Ainsi cette loi de liberté, de responsabilité qu’est la loi Léonetti est non avenue, car ne répond pas aux « multiples exceptions ». Connaissez vous beaucoup de lois qui nous ouvrent un tel espace pour assumer notre responsabilité en toute conscience, comme une injonction de liberté ?

De l’Egalité ! Que Diable !

Avec indécence, la presse nous a complaisamment livré en pâture différentes situations les transformant en « affaires ». Cette instrumentalisation est une honte, un déni d’humanité. Vous pensez évidement à « l’affaire Vincent Lambert ». Si cette tension familiale attisée n’avait pas existé, ce drame n’aurait pas été porté sur la place publique et instrumentalisé de la sorte. Nous n’en parlerons pas plus. Sauf pour dire que la justice aurait dû se déclarer incompétente. Son intrusion va ainsi à l’encontre de la loi Léonetti. Cette question de vie ou de mort est avant toute humaine, médicale et pas administrative. L’accompagnement d’un malade dépendant ou en fin de vie est fonction des hommes et des femmes présents. Cette présence sera obligatoirement une variation en conscience autour d’un même thème. Impensable! Au nom de l’égalité républicaine, nos esprits éclairés réclament que la même règle soit appliquée à tous. Une seule réponse : la procédure, le protocole normatif, le plus petit dénominateur commun sans âme. Et si l’exception était notre seul espace de liberté, de responsabilité !

Au terme de ma vie, l’égalité citoyenne n’est plus mon problème. La seule question importante: quelle est l’intention de ceux qui m’entourent entre ne pas faire souffrir et ne pas tuer. La décision collégiale, sa mise en application, son suivi doivent apporter la preuve de l’intention poursuivie. La loi Léonetti nous le réclame. La seule question qui vaille la peine de se poser : quelle est notre intime et intention première?

« Tu ne tueras pas ».

Voilà ce précepte de la morale universelle, au-dessus de toute loi, qui vacille. Voilà cette ligne éthique marquée de rouge que l’on veut nous faire traverser sous prétexte que toute exception non maîtrisable est insupportable. Sous prétextes que l’agonie et la mort soient pour nous un mystère intolérable, qu’il faille accélérer le mouvement pour « régler le problème ».

On vous parle d’euthanasie, passive, active, d’exception, de suicide plus ou moins assisté, de sédation terminale ou pas, de double effet… Nous pouvons glisser de façon imperceptible d’une notion à une autre comme avec un nuancier. Qu’y a-t-il d’essentiel à discerner si ce n’est l’intention?

Du prétexte à l’intention profonde.

Quelle peut être l’intention des promoteurs de l’abrogation de la loi Léonetti, car à terme l’objectif est bien celui là ? Quelle peut être la raison première profonde à une heure où l’immanence du combat politique est tombée avec le mur de Berlin nous transformant en pions économiques ? Quelle peut-être leur lecture du monde quand la transcendance est taxée de relents réactionnaires passéistes et identitaires ? Quelle est l’intention des esprits éclairés ? Vouloir maîtriser notre réalité humaine sacrée qui nous dépasse. Voilà bien, la définition du péché originel. Seule, une voix transcendante peut nous dire notre humanité.

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