MESSAGE-RADIO DU PAPE PIE XII
AUX PARTICIPANTS AU VIIe CONGRÈS
INTERNATIONAL DES MÉDECINS CATHOLIQUES*
Castel Gandolfo- Mardi 11 septembre 1956
INTRODUCTION
En septembre 1949 Nous avions le plaisir de recevoir les participants du IVe Congrès International des Médecins catholiques et de leur adresser la parole (Discorsi e Radiomessaggi, vol. XI, pag. 221-225). Nous avions relevé alors combien les médecins catholiques étaient préoccupés de se tenir au courant des importantes acquisitions théoriques et pratiques de la médecine moderne et de mettre à profit ces progrès pour prévenir et combattre la maladie et la souffrance, fidèles en cela au grand principe de la science et de l’art médicaux : aider et guérir, ne pas faire de tort ni tuer. Nous ajoutions que le médecin catholique, pour obéir à sa conscience et à sa foi, était prêt à mettre à la disposition d’autrui non seulement son savoir et ses forces, mais aussi son cœur et son dévouement. Devant le corps humain le médecin garde une réserve respectueuse, parce qu’il sait que ce corps est animé par un esprit, une âme immortelle, qui ne forme avec lui qu’une seule nature dépendant tout entière de l’ordre religieux et moral. Le médecin catholique sait que son patient et lui-même sont soumis à la loi de leur conscience et à la volonté de Dieu : mais il sait aussi que toutes les ressources de la nature ont été mises à sa disposition par le Créateur, pour qu’il puisse protéger et défendre les hommes de la maladie et de l’infirmité. Il ne divinise pas la nature et la médecine ; il ne les considère pas comme des absolus, mais il voit en elles un reflet de la grandeur et de la bonté de Dieu et les subordonne entièrement à son service. Aussi, résumant la position du médecin catholique à l’égard des progrès immenses de la médecine dans l’investigation et l’utilisation de la nature et de ses forces, Nous disions naguère ; « que fait.., le médecin digne de sa vocation ? Il s’empare de ces mêmes forces, de ces propriétés naturelles pour procurer par elles la guérison, la santé, la vigueur, et souvent, ce qui est plus précieux encore, pour préserver des maladies, de la contagion ou de l’épidémie. Entre ses mains, la puissance redoutable de la radioactivité est captée, gouvernée pour la cure de maux rebelles à tout autre traitement; les propriétés des poisons les plus virulents servent à préparer des remèdes efficaces ; bien plus, les germes des infections les plus dangereuses sont employés de toutes manières en sérothérapie, en vaccination.
La morale naturelle et chrétienne, enfin, maintient partout ses droits imprescriptibles; c’est d’eux, et non de considérations de sensibilité, de philanthropie matérialiste, naturaliste, que dérivent les principes essentiels de la déontologie médicale: dignité du corps humain, prééminence de l’âme sur le corps, fraternité de tous les hommes, domaine souverain de Dieu sur la vie et sur la destinée » (l.c. pag. 223).
À présent, Nous nous réjouissons de pouvoir Nous adresser de loin à votre VIIe Congrès International et de vous manifester ainsi l’intérêt que Nous portons à vos travaux. Puisque vous avez choisi comme thème « Le médecin et le droit », Nous voudrions vous entretenir d’abord du point de départ et de la source du droit médical.
POINT DE DÉPART ET SOURCE DU DROIT MÉDICAL
I – Sans entrer en de longues considérations théoriques, Nous voudrions répéter et confirmer ce que Nous avons souvent affirmé et ce que Nos Prédécesseurs n’ont jamais omis d’inculquer: le droit à la vie, le droit à l’intégrité du corps et de la vie, le droit aux soins qui leur sont nécessaires, le droit à être protégé des dangers qui les menacent, l’individu le reçoit immédiatement du Créateur, non d’un autre homme, ni de groupes d’hommes, non de l’État ou de groupes d’États, ni d’aucune autorité politique. Ce droit, l’individu le reçoit d’abord en lui-même et pour lui-même, puis en relation avec les autres hommes et avec la société, et cela non seulement dans l’ordre de l’action présente, mais aussi dans celui de la finalité. C’est s’écarter de la pensée des Papes clairement exprimée que de considérer l’homme dans sa relation avec la société comme s’il était inséré dans « la pensée organique de l’organisme physique » ; un membre physique particulier a sans doute une certaine existence propre, mais, comme tel, il n’existe en aucune façon pour lui-même ; il est absorbé finalement par l’ensemble de l’organisme. Le principe : « civitas propter cives, non cives propter civitatem » est un héritage antique de la tradition catholique et fut repris dans l’enseignement des Papes Léon XIII, Pie X, Pie XI, non de manière occasionnelle, mais en termes explicites, forts et précis. L’individu n’est pas seulement antérieur à la société par son origine, mais il lui est aussi supérieur par sa destinée. La société, à la formation et au développement de laquelle les individus sont ordonnés, n’est que le moyen universel voulu par la nature pour mettre les personnes en rapport avec d’autres personnes. Cette relation de la partie au tout est ici entièrement différente de celle qui existe dans l’organisme physique. Quand l’homme entre par la naissance dans la société, il est déjà pourvu par le Créateur de droits indépendants; il déploie son activité en donnant et en recevant et, par sa collaboration avec les autres hommes, il crée des valeurs et obtient des résultats que seul il ne serait pas capable d’obtenir et dont il ne peut même, comme personne individuelle, être le porteur. Ces nouvelles valeurs manifestent que la société possède une prééminence et une dignité propre ; mais ceci n’entraîne pas une transformation de la relation, que Nous esquissions plus haut, car ces mêmes valeurs supérieures (comme la société elle-même) sont rapportées à leur tour par la nature à l’individu et aux personnes.
On ne peut concéder à la spéculation le droit illimité de systématiser et de construire, même quand elle coïncide avec les déclarations des Papes, et cela en des matières qui concernent les questions fondamentales du droit en général. Il n’est nullement prouvé que le point de départ et le fondement de toute structure juridique et de toute justification du droit soit la réalisation, voulue par le Créateur, de la nature humaine parfaite, et que ce but postule la subordination de l’individu à la société, dont il dépend immédiatement, de celle-ci à une société supérieure, et ainsi de suite, jusqu’à la société parfaite, l’État. Cette façon de considérer les choses est contraire à ce que les derniers Papes ont déclaré à ce sujet. Il ne faut pas non plus vouloir distinguer dans la pensée des Papes entre l’ordre de la réalisation actuelle et celui de la finalité. Les Papes ont entendu et ont voulu que l’on entende de l’un comme de l’autre le principe fondamental sur l’origine du droit à la vie. Il est indéniable que beaucoup considèrent le principe de totalité, comme déterminant dans l’intelligence de la relation qui unit l’individu à la société. Mais l’application de ce principe aux questions concrètes concernant l’origine et les limites du droit à la vie, dont Nous parlons maintenant, soulève des objections sérieuses. Ou oublie d’abord que le principe de totalité ne vaut que pour le tout comme tel à l’égard de la, partie comme telle : c’est la question de droit. Mais celle de fait se pose aussi : les deux termes, dont il s’agit, sont-ils entre eux dans un rapport de tout à partie, et lequel ? Déjà dans l’allocution du 14 septembre 1952, alors qu’il s’agissait de déterminer les limites précises du droit de la société envers le corps et la vie des personnes physiques, Nous avons expliqué le sens et l’importance du principe de totalité, et Nous avons expressément mis en garde contre les applications erronées de ce principe (Discorsi e Radiomessaggi vol. XIV, pag. 328-329).
POSITION DU MÉDECIN VIS-À-VIS DU DROIT ET DE LA MORALE
II – Mais l’objet principal du présent message, et sur lequel Nous voudrions Nous étendre plus longuement, concerne la position du médecin vis-à-vis du droit et de la morale. Presque toutes Nos allocutions aux médecins ont abordé cette double question, que l’on rencontre d’ailleurs dans chaque profession. Si le thème de votre Congrès s’énonce : « Le médecin et le droit », le mot droit n’exclut pas ici la morale, puisque vous entendez les étudier dans leurs relations réciproques. La morale et le droit ont un caractère propre qu’il faut sauvegarder; ils expriment l’ordre de la conscience et celui de la loi et les relations qu’ils entretiennent interdisent de les séparer, comme de les confondre entièrement.
LA MORALE MÉDICALE
La morale a pour but de déterminer l’attitude consciente interne et externe de l’homme envers les grandes obligations, qui procèdent des conditions essentielles de la nature humaine : obligations envers Dieu et la religion, obligations envers soi-même et envers le prochain, qu’il s’agisse des individus, des collectivités, de la communauté au sens juridique, obligations dans le domaine presque illimité des choses matérielles. La morale impose à la conscience de chacun, qu’il soit médecin ou militaire, savant ou homme d’action, le devoir de régler ses actes selon les obligations précitées. Cela suppose l’on les connaisse ou qu’on en prenne connaissance, si on ne les connaît pas. Il s’ensuit que, si la décision morale procède du sujet, elle ne dépend pas de son bon plaisir ou de son caprice, mais s’inspire de critères objectifs. C’est ce qu’exprime une question spontanée, le « pourquoi ? », de l’homme consciencieux l’égard de lui-même. Il veut connaître les normes objectives de ce qu’il se propose de faire. Aussi suffit-il d’observer le médecin consciencieux dans son activité professionnelle quotidienne, pour voir comment la morale médicale guide l’action. Ce médecin procède à un diagnostic soigneux, pèse les données, interroge ses connaissances acquises, parcourt même des ouvrages ou des articles sur la question, consulte éventuellement d’autres médecins, puis décide, passe à l’exécution et surveille l’évolution ultérieure des faits.
Mais la morale médicale va plus outre. Il suffit de prendre en main le décalogue, comme la saine raison le comprend et comme l’Église l’explique, pour y trouver bon nombre de normes morales qui touchent à l’activité médicale. Dans Notre allocution susmentionnée du 14 septembre 1952 sur les limites de la recherche et de l’activité médicales (en particulier dans l’utilisation des découvertes modernes), et dans les allocutions des 29 octobre et 27 novembre 1951 (Discorsi e Radiomessaggi, vol. XIII, p. 333-353; 413-418), Nous avons indiqué différents points où la morale doit opposer son veto à la médecine.
Il faut aussi tenir compte des exigences qui sont imposées au médecin de la part du patient, de sa famille et d’autres groupes intéressés, exigences qui portent sur des conventions à conclure, ou proviennent de celles qui l’ont déjà été. Tantôt ce sont aussi des idées religieuses, morales, philosophiques ou sociales, sur lesquelles le médecin, doit baser son action ou du moins auxquelles il doit s’adapter, mais qui sont contraires à ses convictions chrétiennes. Parfois on lui demandera, pour des motifs médicalement compréhensibles d’ailleurs, de procéder à l’euthanasie, ou à l’interruption directe de la grossesse, on de prêter une assistance effective à des pratiques anticonceptionnelles, toujours dans le cas d’indications objectivement sérieuses. Le médecin se trouve ici devant l’obligation de respecter la morale médicale, exigence inconditionnée pour le médecin chrétien dans tous les cas où la norme morale est inconditionnée, vraiment claire et certaine. Observer ainsi la loi morale n’entraîne finalement aucun dommage pour l’intérêt de la science, ni pour celui du patient ni de la communauté ou du « bonum commune ». Dans les cas particuliers, que le médecin ne tranche pas d’après ses goûts subjectifs ou d’après son caprice, et moins encore en consentant ou en s’adaptant à des requêtes ou à des souhaits immoraux, mais qu’il suive sa conscience éclairée par des normes objectives et pense à Dieu, à qui il devra rendre compte. Grâce à cette orientation objective de la conscience, le médecin chrétien évitera de tomber dans la forme condamnée de l’éthique de situation.
LE DROIT MÉDICAL
Le droit médical comprend l’ensemble des normes qui, dans une communauté politique, concernent la personne et l’activité du médecin et dont l’observation peut être imposée par les moyens de coercition du droit public. Ces normes peuvent être formulées ou promulguées immédiatement par l’autorité politique, ou bien être seulement autorisées ou sanctionnées par elle. Le droit pourrait aussi s’entendre comme le « iustum », c’est-à-dire ce que chacun selon les règles de la justice peut exiger comme sien (qu’il ait ou non le moyen de faire prévaloir son droit par la force). On pourrait encore entendre le droit subjectivement comme la domination, reconnue par l’ordre moral, que le sujet du droit exerce sur l’objet du droit, et en vertu de laquelle le sujet peut réclamer le « iustum » à quiconque en est redevable ; ce droit subjectif est susceptible lui aussi de bénéficier du pouvoir de coercition. Le droit médical ne peut renoncer sans plus à aucune de ces deux conceptions du droit ou s’en désintéresser.
Toutefois c’est sur le droit médical au premier sens que Nous insisterons. L’existence d’un tel droit est une nécessité, car la personne et l’activité du médecin ont une telle influence sur la paix et la sécurité de la vie dans la communauté politique, que l’absence de ces normes, leur imprécision ou le défaut de caractère coercitif, ne sont pas compatibles avec le bien de l’ensemble. Les obligations purement morales sont trop vagues dans la réalité concrète de la vie, et prêtent à des interprétations trop diverses pour garantir par elles seules l’ordre dans la société. Il faut donc les compléter et les préciser par le droit positif. La formation du médecin, ses connaissances théoriques et pratiques, les garanties et la vigilance requises en cette matière dans l’intérêt de la communauté, tout cela doit être fixé, mais ne l’est pas suffisamment par l’ordre moral qui, de plus, ne dispose pas du pouvoir de coercition. En raison des biens importants confiés au médecin par l’individu et par la communauté, la nécessité d’un droit médical apparaît indubitable. On en trouve confirmation dans le fait que tous les pays civilisés possèdent un droit semblable, même si sa formulation présente des différences plus ou moins notables suivant les cas.
Le contenu matériel du droit médical est déterminé d’abord par sa fin immanente. On se demandera d’abord ce qu’il faut exiger du médecin et lui concéder pour qu’il puisse atteindre le but de sa profession : « aider et guérir, ne pas faire de tort ni tuer ». Le même principe permet de fixer les exigences des individus et de la communauté à l’égard du médecin, pour autant qu’elles doivent être exprimées dans le droit médical. Il est évidemment déraisonnable et impossible de vouloir préciser et régler par des lois tout ce qui peut servir au médecin, ainsi que toutes les requêtes qu’on peut lui faire. En général on doit éviter une surabondance de lois, considérée depuis l’antiquité comme symptôme de décadence d’un État (de là la formule prégnante de Tacite : « corruptissima re publica plurimae leges » ; Annales , lib. III n. 27). Aussi faut-il laisser un jeu convenable aux décisions du médecin et inviter les gens à veiller par eux-mêmes à un certain nombre de nécessités en matières médicales sans attendre que la loi pourvoie à tous les détails. Elle ne le pourrait pas d’ailleurs sur un certain nombre de points, car elle se heurterait à l’opposition des médecins, de beaucoup de membres de l’assemblée législative ou des citoyens. Pareilles lois représentent souvent des solutions de compromis entre adversaires irréconciliables, ou ont été imposées de force par la majorité. Comme elles contiennent parfois des paragraphes objectivement immoraux et antichrétiens qu’un médecin catholique ne peut approuver ni exécuter sans entrer en conflit avec sa conscience, une question brûlante se pose alors : celle de l’attitude à prendre devant ce droit médical, selon lequel il est obligé d’exercer sa profession.
RELATIONS ENTRE LA MORALE MÉDICALE ET LE DROIT MÉDICAL
Après avoir parlé séparément de la morale médicale et du droit médical, Nous en arrivons ainsi au troisième point que Nous voulions toucher : celui de leurs relations : sont-ils tous les deux sur le même pied, ou y a-t-il entre eux une subordination ? D’une certaine façon, on peut dire que chacun d’eux est maître sur son terrain et n’admet pas l’intrusion de l’autre. Mais ce n’est vrai qu’en partie, car le droit positif n’a valeur ni force exécutoire que dans la mesure où il est reconnu par Dieu, source dernière et suprême de tout droit. Dieu par ailleurs ne peut jamais appuyer de son autorité une loi, qui le contredit lui-même, c’est-à-dire contredit l’ordre moral qu’Il a lui-même instauré et rendu obligatoire. Il s’ensuit que le droit médical est subordonné à la morale médicale, qui exprime l’ordre moral voulu par Dieu.
Le droit médical ne peut donc jamais permettre que le médecin ou le patient pratiquent l’euthanasie directe, et le médecin ne peut jamais la pratiquer sur lui-même ni sur les autres. Cela vaut aussi pour la suppression directe du fœtus et les actes médicaux, qui contredisent la loi de Dieu clairement manifestée. En tout cela le droit médical n’a aucune autorité et le médecin n’est pas tenu de lui obéir. Il doit bien au contraire ne pas en tenir compte; toute assistance formelle lui est même interdite, tandis que l’assistance matérielle tombe sous les normes générales de la « cooperatio materialis ». Le droit médical, qui ne tient pas compte de la morale ou s’y oppose, renferme une contradiction interne et il est inutile de s’y attarder. Dans les autres cas, il faut éviter toute opposition entre droit et morale et veiller à ce que, chacun conservant son caractère propre, ils se complètent et s’appuient mutuellement. Si on les assujettit trop l’un à l’autre, on s’expose à voir le sens moral céder au juridisme, au légalisme, ou au minimalisme. Ce serait un sérieux inconvénient, car l’intention du médecin, comme celle du patient, est l’élément prépondérant et celui qui anime les autres. Il peut s’ensuivre aussi que l’obligation juridique provenant du domaine moral exerce une influence exagérée sur les consciences et conduise à un rigorisme insupportable, ou que la domination impitoyable du droit se substitue à la morale et la réduise à une observation consciencieuse, universelle, des prescriptions du droit.
Mais il est également dangereux de trop séparer le droit de la morale. Celle-ci risque alors de glisser dans une sorte d’individualisme, car une attention trop concentrée sur les éléments moraux fait perdre de vue les données objectives clairement circonscrites dans le droit; on peut en arriver ainsi à une éthique de situation fausse et trop subjective. Quand le droit s’écarte trop de la morale, il tend au positivisme juridique exagéré et même extrême, qui, en plusieurs cas, constitue un péril pour le jugement et l’action du médecin. Nous pensons à plus d’un code juridique médical, dans lequel, moyennant des indications déterminées et certaines garanties, on autorise ou même on impose l’interruption directe de la grossesse ; en matière de secret médical, ou quand le médecin est appelé comme expert au tribunal, on considère comme exclusivement valables et obligatoires les normes établies par l’autorité politique. C’est là diminuer exagérément la part de l’élément moral et offenser la dignité personnelle du médecin dans le domaine du droit médical.
LA COLLABORATION SUR LE PLAN INTERNATIONAL
III – Le troisième point de Notre message voudrait surtout justifier et recommander explicitement la collaboration sur le plan international. L’effort de rapprochement et de collaboration s’y fait sentir dans les domaines les plus divers. Il procède, comme vous l’avez signalé vous-mêmes dans votre programme, de la transformation profonde de presque toutes les relations, et sa cause dernière est à rechercher dans la nature même de l’homme. C’est la conséquence d’une loi naturelle qui procède de l’unité d’origine des hommes, et pousse à la réalisation d’une tâche commune, à laquelle sont conviés tous ceux qui vivent sur la terre. A mesure que les années passent, il devient de moins en moins possible aux nations de se renfermer sur elles-mêmes, bien que se manifeste parfois une tendance systématique et passionnée à revenir à l’isolement d’autrefois. Tout ce qui arrive actuellement dans un pays, provoque un contre-coup chez les autres et l’on est obligé en quelque sorte de se rendre compte que la communauté des peuples et de l’humanité ressemble à un organisme, dont la circulation sanguine et lymphatique met en communication constante les diverses parties. Ainsi en va-t-il des courants internationaux, dont on ne peut s’empêcher prendre conscience ni de tenir compte.
Mais Nous avons un motif particulier de louer votre Association internationale et de souhaiter qu’elle progresse. C’est que vous constituez une association de médecins catholiques. Certes vous ne disposez pas, comme catholiques, d’une connaissance médicale particulière, mais vous avez votre manière propre de considérer les problèmes de votre profession. Il n’est pas sans importance, dans une occasion comme celle qui vous rassemble, d’apprendre à connaître et d’entendre parler des collègues de renommée scientifique internationale et qui, dans leur activité de savants et de praticiens, ne se sentent nullement entravés par leurs convictions et leur vie chrétienne. De telles expériences personnelles sont précieuses, surtout si elles se basent sur des contacts avec des médecins de pays différents. Quand un médecin catholique exerce sa profession dans un milieu qui ne l’est pas, et parmi des collègues qui ne partagent pas sa foi, la participation à un congrès de ce genre exerce une influence libératrice, le délivre d’un complexe d’infériorité, élargit son regard et renforce son courage. Voilà pourquoi Nous souhaitons que vous puissiez organiser souvent de semblables congrès.
Comme l’ont montré vos assemblées précédentes, les questions juridiques ne sont pas les seules qui vous occupent, ni même l’objet principal de vos réunions. Mais ces questions s’imposent aujourd’hui avec une insistance telle qu’il était nécessaire de les traiter explicitement. Vous écrivez dans le programme du présent congrès : « La fonction du médecin a des corrélations avec le droit, aussi bien dans le domaine du droit civil que du droit public (d’un point de vue national aussi bien qu’international) ». Vous esquissez ces fonctions juridiques dans leurs grandes lignes et vous donnez des orientations précises sur les ”rapports du droit et de la morale.
Les questions juridiques ne sont certes pas le domaine propre du médecin, mais d’autres associations médicales internationales ont éprouvé également la nécessité de les aborder et de trouver des solutions pratiques ; elles n’ont pas travaillé en vain. Vous voulez poursuivre cette œuvre et en cela Nous vous approuvons entièrement. Mais vous devez vous garder d’un double danger : celui de vous charger à l’excès soit de travaux préparatoires, soit d’objectifs à poursuivre. En consultant votre programme, Nous avons admiré votre courage et votre ardeur au travail, mais Nous Nous sommes demandé : « Est-ce pratiquement réalisable ? ». La mentalité des hommes d’aujourd’hui les porte à rechercher l’ampleur, l’unité, la simplicité : à partir d’un point de départ unique, on veut déduire tout le reste et arriver par là à un but fixé par la nature des choses et clairement aperçu. Il devient ainsi plus facile d’ordonner et de dominer la diversité des problèmes particuliers, qui restent encore à résoudre. Puissiez-vous réussir à introduire ampleur, unité et simplicité dans le traitement des questions juridiques, dont vous êtes forcés de vous occuper aujourd’hui en tant que médecins ; vous accomplirez alors quelque chose de grand et d’utile.
CONCLUSION
Il ne Nous reste plus qu’à souhaiter à vos travaux un heureux déroulement et un plein succès. Certes vous n’atteindrez pas vos objectifs en quelques jours ; mais vous vous rapprocherez certainement du but et vous obtiendrez sans aucun doute le secours de la Vérité, de la Science et de la Sagesse de Dieu. Comme gage des faveurs d’en-haut, Nous vous accordons de tout cœur pour vous-mêmes et pour tous ceux qui bénéficient de votre science et de votre dévouement Notre Bénédiction Apostolique.
* Discours et messages-radio de S.S. Pie XII, XVIII,
Dix-huitième année de Pontificat, 2 mars 1956 – 1er mars 1957, pp. 425-435
Typographie Polyglotte Vaticane
…………………………….
Our English translation:
RADIO MESSAGE OF HIS HOLINESS POPE PIUS XII
TO THE PARTICIPANTS IN THE VII INTERNATIONAL CONGRESS
OF CATHOLIC PHYSICIANS*
Castel Gandolfo – Tuesday, September 11, 1956
INTRODUCTION
In September 1949 We had the pleasure of receiving the participants ofthe Fourth International Congress of Catholic Physicians and of addressing them (Discorsi e Radiomessaggi, vol. XI, pp. 221-225). At that time, we noted how much Catholic doctors were concerned to keep abreast of the important theoretical and practical achievements of modern medicine and to take advantage of these advances to prevent and combat disease and suffering, faithful in this respect to the great principle of medical science and art: to help and to cure, do no harm or kill. We added that the Catholic doctor, in obedience to his conscience and his faith, was ready to place at the disposal of others not only his knowledge and his strength, but also his heart and his devotion. Before the human body the physician maintains a respectful reserve, because he knows that this body is animated by a spirit, an immortal soul, which forms with it but one nature dependent entirely on the religious and moral order. The Catholic physician knows that he and his patient are subject to the law of their conscience and to the will of God: but he also knows that all the resources of nature have been placed at his disposal by the Creator, so that he may protect and defend men from sickness and infirmity. He does not deify nature and medicine; he does not regard them as absolutes, but sees in them a reflection of the greatness and goodness of God, and subordinates them entirely to his service. Thus, summing up the position of the Catholic physician with regard to the immense progress of medicine in the investigation and use of nature and its forces, We said not long ago; “What does the doctor worthy of his vocation do? He seizes these same forces, these natural properties, to procure through them healing, health, vigour, and often, what is still more precious, to preserve from disease, contagion, or epidemic. In his hands, the formidable power of radioactivity is captured, governed for the cure of ailments resistant to any other treatment; the properties of the most virulent poisons serve to prepare effective remedies; moreover, the germs of the most dangerous infections are used in all cases in serotherapy and vaccination.
Natural and Christian morality, finally, everywhere maintains its imprescriptible rights; it is from them, and not from considerations of sensitivity, of materialistic, naturalistic philanthropy, that the essential principles of medical ethics are derived: dignity of the human body, pre-eminence of the soul over the body, fraternity of all men, the sovereign domain of God over life and destiny” (L.C. p. 223).
At present, We are delighted to be able to address your Seventh International Congress from afar and thus to show you the interest We have in your work. Since you have chosen “The Doctor and the Law” as your theme, We would like to speak to you first of all about the starting point and the source of medical law.
STARTING POINT AND SOURCE OF MEDICAL LAW
Without entering into lengthy theoretical considerations, We would like to repeat and confirm what We have often affirmed and what Our Predecessors have never failed to inculcate: the right to life, the right to the integrity of the body and of life, the right to the care necessary for them, the right to be protected from the dangers that threaten them. the individual receives it immediately from the Creator, not from another man, not from groups of men, not from the state or groups of states, not from any political authority. The individual receives this right first of all in himself and for himself, then in relation to other men and to society, and this not only in the order of present action, but also in that of finality. It is a departure from the thought of the Popes, clearly expressed, to consider man in his relationship with society as if he were inserted into “the organic thought of the physical organism”; a particular physical member undoubtedly has a certain existence of its own, but, as such, it does not exist in any way for itself; it is finally absorbed by the whole organism. The principle: “civitas propter cives, non cives propter civitatem” is an ancient heritage of the Catholic tradition and was taken up in the teaching of Popes Leo XIII, Pius X, Pius XI, not occasionally, but in explicit, strong and precise terms. The individual is not only prior to society in his origin, but he is also superior to it in his destiny. Society, to the formation and development of which individuals are ordained, is only the universal means willed by nature to put people in relation to other persons. This relation of the part to the whole is here entirely different from that which exists in the physical organism. When man enters society by birth, he is already provided by the Creator with independent rights; he carries out his activity by giving and receiving, and through his collaboration with other men he creates values and obtains results which he alone would not be able to obtain and of which he cannot even, as an individual person, be the bearer. These new values show that society has a pre-eminence and dignity of its own; but this does not entail a transformation of the relationship, which We outlined above, for these same higher values (such as society itself) are in their turn related by nature to the individual and to persons.
One cannot concede to speculation the unlimited right to systematize and construct, even when it coincides with the declarations of the Popes, and that in matters that concern the fundamental questions of law in general. It is by no means proved that the starting point and foundation of all juridical structure and justification of law is the realization willed by the Creator of perfect human nature, and that this goal postulates the subordination of the individual to society, on which he is immediately dependent, from the latter to a higher society. and so on, until the perfect society, the state. This way of looking at things is contrary to what the last Popes have said on this subject. Nor should we want to distinguish in the thought of the Popes between the order of actual realization and that of finality. The Popes have heard and wanted us to hear from both the fundamental principle on the origin of the right to life. It is undeniable that many consider the principle of totality to be decisive in the understanding of the relationship between the individual and society. But the application of this principle to concrete questions concerning the origin and limits of the right to life, of which I am now speaking, raises serious objections. Or forgets first of all that the principle of totality applies only to the whole as such with respect to the part as such: this is the question of law. But the question of fact also arises: are the two terms in question in a relation of all to each other, and which one? Already in the address of 14 September 1952, when it was a question of determining the precise limits of the right of society towards the body and life of natural persons, We explained the meaning and importance of the principle of totality, and We expressly warned against the erroneous applications of this principle (Discorsi e Radiomessaggi vol. XIV, Pag. 328-329).
THE DOCTOR’S POSITION VIS-À-VIS LAW AND MORALITY
But the main object of this message, and on which We would like to enlarge at greater length, concerns the position of the physician with regard to law and morality. Almost all of our addresses to physicians have addressed this twofold question, which is to be found in every profession. If the theme of your Congress is “The Doctor and the Law”, the word law does not exclude morality here, since you intend to study them in their reciprocal relations. Morality and law have a character of their own which must be safeguarded; they express the order of conscience and that of the law, and the relations they maintain make it impossible to separate them, as well as to confuse them entirely.
MEDICAL MORALITY
The purpose of morality is to determine man’s conscious internal and external attitude towards the great obligations which arise from the essential conditions of human nature: obligations to God and religion, obligations to oneself and to one’s neighbour, whether individuals, collectives, or the community in the juridical sense, obligations in the almost unlimited realm of material things. Morality imposes on the conscience of everyone, whether doctor or soldier, scientist or man of action, the duty to regulate his actions according to the above-mentioned obligations. This presupposes that we know them or that we become aware of them, if we do not know them. It follows that, if the moral decision proceeds from the subject, it does not depend on his pleasure or his caprice, but is inspired by objective criteria. This is expressed by a spontaneous question, the “why?”, of the conscientious man with regard to himself. He wants to know the objective standards of what he proposes to do. It is therefore enough to observe the conscientious doctor in his daily professional activity to see how medical morality guides action. This doctor makes a careful diagnosis, weighs the data, questions his acquired knowledge, even reads books or articles on the subject, possibly consults other doctors, then decides, proceeds to carry out the proceedings and monitors the subsequent development of the facts.
But medical morality goes further. It is enough to take the Decalogue in hand, as sound reason understands it and as the Church explains it, to find in it a good number of moral norms that touch on medical activity. In our above-mentioned address of September 14, 1952, on the limits of medical research and activity (especially in the use of modern discoveries), and in the speeches of October 29 and November 27, 1951 (Discorsi e Radiomessaggi, vol. XIII, pp. 333-353; 413-418), we indicated various points at which morality must veto medicine.
Consideration must also be given to the demands placed on the physician by the patient, his or her family and other interested groups, which relate to or arise from agreements that have already been entered into. Sometimes it is also religious, moral, philosophical or social ideas, on which the doctor must base his action or at least to which he must adapt, but which are contrary to his Christian convictions. Sometimes he will be asked, for reasons that are medically understandable, to proceed with euthanasia, or the direct termination of the pregnancy, or to give effective assistance to contraceptive practices, always in the case of objectively serious indications. The doctor is here faced with the obligation to respect medical morality, an unconditional requirement for the Christian doctor in all cases where the moral norm is unconditional, truly clear and certain. Observing the moral law in this way does not ultimately cause any harm to the interest of science, nor to that of the patient or of the community or the “bonum commune“. In special cases, let the physician not decide according to his subjective tastes or whim, and still less by consenting to or adapting to immoral requests or wishes, but let him follow his conscience enlightened by objective norms and think of God, to whom he will have to give an account. Thanks to this objective orientation of conscience, the Christian doctor will avoid falling into the condemned form of situational ethics.
MEDICAL LAW
Medical law includes all the norms which, in a political community, concern the person and the activity of the doctor and the observance of which can be imposed by the means of coercion of public law. These norms may be formulated or promulgated immediately by the political authority, or only authorized or sanctioned by it. Law could also be understood as the “iustum“, i.e. what each person according to the rules of justice can demand as his or her own (whether or not he or she has the means to make his or her right prevail by force). Law could also be understood subjectively as the dominion, recognized by the moral order, that the subject of law exercises over the object of the right, and by virtue of which the subject can claim the “iustum” from anyone who is indebted for it; This subjective right is also capable of benefiting from the power of coercion. Medical law cannot renounce either of these two conceptions of law without further ado or lose interest in them.
However, it is on medical law in the first sense that we will insist. The existence of such a right is a necessity, because the person and activity of the doctor have such an influence on the peace and security of life in the political community that the absence of these norms, their vagueness or the lack of coercive character, are not compatible with the good of the whole. Purely moral obligations are too vague in the concrete reality of life, and lend themselves to too diverse interpretations to guarantee order in society by themselves. They must therefore be supplemented and specified by positive law. The training of the doctor, his theoretical and practical knowledge, the guarantees and vigilance required in this matter in the interest of the community, all this must be fixed, but is not sufficiently fixed by the moral order, which, moreover, does not have the power of coercion. Because of the important assets entrusted to the doctor by the individual and by the community, the need for a medical right appears to be unmistakable. This is confirmed by the fact that all civilized countries have a similar law, even if its wording differs more or less significantly from case to case.
The material content of medical law is determined first of all by its immanent end. The first question will be asked what must be required of the doctor and what must be conceded to him in order for him to achieve the goal of his profession: “to help and heal, not to do harm or to kill”. The same principle makes it possible to determine the demands of individuals and the community with regard to the doctor, insofar as they are to be expressed in medical law. It is obviously unreasonable and impossible to want to specify and regulate by laws everything that can be useful to the doctor, as well as all the requests that can be made of him. In general, an overabundance of laws should be avoided, considered since antiquity as a symptom of the decadence of a state (hence Tacitus’ prevalent formula: “corruptissima re publica plurimae leges“; Annals, lib. III n. 27). It is therefore necessary to leave a suitable play to the doctor’s decisions and to invite people to take care of a certain number of medical necessities for themselves without waiting for the law to provide for all the details. It could not do so on a number of points, because it would meet with the opposition of doctors, many members of the legislative assembly or citizens. Such laws often represent compromise solutions between irreconcilable adversaries, or have been forcibly imposed by the majority. Since they sometimes contain objectively immoral and anti-Christian paragraphs that a Catholic doctor cannot approve or carry out without coming into conflict with his conscience, a burning question arises: that of the attitude to be taken in the face of this medical right, according to which he is obliged to practice his profession.
RELATIONS BETWEEN MEDICAL MORALITY AND MEDICAL LAW
After having spoken separately of medical morality and medical law, We thus come to the third point which We wished to touch: that of their relations: are they both on the same footing, or is there a subordination between them? In a way, we can say that each of them is master of his own territory and does not admit the intrusion of the other. But this is only partly true, for positive law has value and enforceability only to the extent that it is recognized by God, the ultimate and supreme source of all law. God, on the other hand, can never support with his authority a law that contradicts him himself, that is to say, contradicts the moral order that he himself has established and made obligatory. It follows that medical law is subordinate to medical morality, which expresses the moral order willed by God.
Medical law can therefore never allow the doctor or the patient to practice direct euthanasia, and the doctor can never practice it on himself or others. This also applies to the direct suppression of the fetus and medical acts, which contradict the clearly manifested law of God. In all this, medical law has no authority and the doctor is not bound to obey it. On the contrary, he must disregard them; any formal assistance is even forbidden, while material assistance falls under the general norms of the “cooperatio materialis“. Medical law, which does not take into account morality or is opposed to it, contains an internal contradiction and it is useless to dwell on it. In other cases, it is necessary to avoid any opposition between law and morality and to ensure that, while each retains its own character, they complement and support each other. If we subordinate them too much to each other, we run the risk of seeing the moral sense yield to legalism, legalism, or minimalism. This would be a serious disadvantage, because the doctor’s intention, like that of the patient, is the preponderant element and the one that animates the others. It may also follow that the juridical obligation arising from the moral sphere exerts an exaggerated influence on consciences and leads to an intolerable rigorism, or that the ruthless domination of law takes the place of morality and reduces it to a conscientious, universal observance of the prescriptions of law.
But it is also dangerous to separate law from morality too much. The latter then risks slipping into a kind of individualism, because too much attention on moral elements makes us lose sight of the objective data clearly circumscribed in the law; In this way, we can end up with a false and overly subjective ethics of situation. When the law departs too much from morality, it tends to exaggerated and even extreme legal positivism, which, in many cases, constitutes a danger to the judgment and action of the physician. We are thinking of more than one medical legal code, in which, subject to specific indications and certain guarantees, the direct termination of pregnancy is authorized or even imposed; In matters of medical confidentiality, or when the doctor is called as an expert in court, the standards established by the political authority are considered to be exclusively valid and binding. This is to unduly diminish the part of the mental element and to offend the personal dignity of the physician in the field of medical law.
LA COLLABORATION SUR LE PLAN INTERNATIONAL
The third point of Our Message would above all justify and explicitly recommend collaboration at the international level. The effort to bring people together and collaborate is felt in the most diverse fields. It proceeds, as you yourselves have pointed out in your program, from the profound transformation of almost all relationships, and its ultimate cause is to be sought in the very nature of man. It is the consequence of a natural law which proceeds from the original unity of men, and impels the realization of a common task, to which all those who live on earth are invited. As the years go by, it becomes less and less possible for nations to close in on themselves, although there is sometimes a systematic and passionate tendency to return to the isolation of the past. Everything that is happening in one country at the present time causes a repercussion in the others, and one is obliged, as it were, to realize that the community of peoples and of humanity resembles an organism, whose blood and lymphatic circulation puts the various parts in constant communication. This is the case with international currents, of which we cannot help but be aware or take into account.
But We have a special reason to praise your International Association and to hope that it will progress. It is because you constitute an association of Catholic doctors. Of course, as Catholics, you do not have any particular medical knowledge, but you have your own way of considering the problems of your profession. It is not without importance, on an occasion such as the one that brings you together, to get to know and hear about colleagues of international scientific renown who, in their activity as scholars and practitioners, do not feel in any way hindered by their convictions and their Christian life. Such personal experiences are valuable, especially if they are based on contacts with doctors in different countries. When a Catholic doctor practises his profession in an environment that is not a Catholic one, and among colleagues who do not share his faith, participation in a congress of this kind exerts a liberating influence, frees him from an inferiority complex, broadens his gaze and strengthens his courage. That is why We hope that you will be able to organize such congresses often.
As your previous assemblies have shown, legal questions are not the only ones that concern you, nor even the main subject of your meetings. But these questions are now so insistent that it was necessary to deal with them explicitly. You write in the programme of this congress: “The function of the doctor has correlations with the law, both in the field of civil law and in public law (from a national as well as an international point of view)”. You outline these legal functions in broad strokes and you give precise guidelines on the “relationship between law and morality.
Legal issues are certainly not the doctor’s own domain, but other international medical associations have also felt the need to address them and find practical solutions; they have not worked in vain. You want to continue this work and in this We fully approve of you. But you must guard against a double danger: that of overloading yourself either with preparatory work or with objectives to be pursued. In consulting your programme, We admired your courage and hard work, but We asked Ourselves: “Is it practically achievable?” The mentality of men today leads them to seek breadth, unity, simplicity: from a single point of departure, they want to deduce everything else and thereby arrive at a goal fixed by the nature of things and clearly perceived. It thus becomes easier to order and control the diversity of particular problems, which still remain to be solved. May you succeed in introducing breadth, unity and simplicity into the treatment of legal questions, which you are forced to deal with today as doctors; then you will accomplish something great and useful.
CONCLUSION
It only remains for Us to wish your work a happy development and every success. Of course, you won’t reach your goals in a few days; but you will certainly get closer to the goal and you will undoubtedly get the help of the Truth, the Science and the Wisdom of God. As a pledge of favors from on high, We cordially impart to you for yourselves and for all those who benefit from your knowledge and devotion Our Apostolic Blessing.
* Speeches and radio messages of H.H. Pius XII, XVIII,
Eighteenth Year of the Pontificate, March 2, 1956– March 1, 1957, pp. 425-435


