Euthanasie des enfants : premier « oui » du sénat belge, « non » réitéré des religions

« Déception et tristesse » des grandes religions qui plaident pour un arrêt de l’acharnement thérapeutique et pour le développement des soins palliatifs.

28.11.2013
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Isabelle Cousturié

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28/11/2013

« Ce 27 novembre 2013, nous ne pouvons qu’exprimer notre déception et notre tristesse. Nous partageons l’angoisse de parents si un enfant arrive à une fin de vie prématurée et, particulièrement quand il souffre. Nous croyons cependant que les soins palliatifs et la sédation sont une manière digne d’accompagner un enfant qui meurt de maladie. Des médecins praticiens, oncologues ou intensivistes, nous l’ont clairement affirmé. Ecoutons-les »

Après un  premier « Non unanime » exprimé vivement le 6 novembre dernier, l’inquiétude des représentants des grandes religions chrétiennes, musulmane et juive, en Belgique, est montée d’un cran, renforcée par le vote mercredi 27 novembre au sénat de la proposition de loi qui vise à étendre le cadre légal autorisant l’euthanasie aux enfants.

A leur peur de voir « se banaliser de plus en plus une réalité aussi grave », s’ajoute « la tristesse et  la déception » de voir que leur appel, mais aussi ceux de médecins, praticiens, oncologues ou intensivistes, à considérer les « soins palliatifs et la sédation », et non l’euthanasie,  comme « une manière digne d’accompagner un enfant qui meurt de maladie », sont restés lettres mortes.

C’est par 13 voix pour et 4 contre, que vient d’être votée la proposition de loi qui vise à étendre le cadre légal autorisant l’euthanasie, dans certaines conditions, aux enfants.
Au préalable, un psychologue aura reconnu la capacité de discernement de ces jeunes malades qui devront être en phase terminale et confrontés à des souffrances physiques insupportables et inapaisables. Ils seront encadrés par une équipe médicale, et moyennant l’accord de leurs parents, pourront alors demander à être euthanasiés. (Institut européen de bioéthique).

Le texte doit à présent être examiné en séance plénière au Sénat avant d’aller à la Chambre et de revenir ensuite au Sénat.

Les responsables religieux, loin de se décourager continuent de  plaider pour un arrêt de l’acharnement thérapeutique et pour le remplacement des soins curatifs par des soins palliatifs: « Nous croyons que nous n’avons pas le droit de laisser un enfant souffrir : c’est pourquoi la souffrance peut et doit être soulagée. La médecine en a les moyens. Ne banalisons pas l’acte de donner la mort alors que nous sommes faits pour la vie », déclarent-ils dans leur message publié par Radio Vatican, aussitôt après le vote.

Ils ajoutent: « Aimer jusqu’au bout demande un immense courage. Mettre fin à la vie est un acte qui non seulement tue, mais détruit un peu plus les liens qui existent dans notre société, dans nos familles, en proie à un individualisme grandissant. Entourons et aimons les malades et leurs familles, ainsi que les soignants, et si la maladie l’emporte, qu’elle soit accompagnée de notre affection intense et par l’irréductible respect de la vie. ».

Leur fait écho le cardinal Elio Sgreccia, président de la Fondation « Ut Vitam habeant » et président émérite de l’Académie pontificale pour la vie. Il  renvoie à la Charte des droits de l’Homme de 1948 et à l’ensemble de ses lois qui, au plan éthique et juridique, visent à protéger l’enfant, le mineur, aussi contre les expérimentations, mais surtout à interdire toute violation du droit à la vie.

« Cette décision du sénat, ajoute-t-il, ne touche pas seulement à la sensibilité de toutes les religions. Elle touche au sens humain car le mineur, surtout s’il est fragile, s’il est malade, doit être aidé médicalement mais aussi psychologiquement et spirituellement ».

Le cardinal Sgreccia invite à une mobilisation des consciences par la prière afin que « Dieu intervienne et stoppe cette décision qui est inhumaine, inimaginable et jusqu’ici de l’ordre du jamais vu! ». (News.va)

En toile de fond la réaction de l’initiative citoyenne belge « Euthanasie Stop », selon laquelle la notion dediscernement de l’enfant est aussi confuse que celle de la simple mise au courant ou…l’accord (minimal) des parents, sans parler de l’absence de limite d’âge !

Pédiatres, hommes religieux, médecins, politiciens,… Tous ont leur mot à dire sur le projet de loi. Et l’avis des jeunes dans tout ça ? S’interroge certains, comme l’équipe de rédaction du projet KulturOpoing qui relève la chose suivante : « On parle beaucoup ces jours-ci de la capacité de discernement des mineurs. Et on évite soigneusement de leur donner la parole. Bizarre… »

Jusqu’à tard dans la soirée, le 26 novembre, des dizaines de « Sentinelles contre l’extension de la loi » de 2002 se relayaient encore devant le Parlement belge, pour essayer d’inverser la tendance positive que suscitait l’accord trouvé au sein des Commissions de la Justice et des Affaires sociales du Sénat, quelques jours auparavant. 11 d’entre eux ont été arrêtés puis relâchés. La police de la zone de Bruxelles annonce qu’ils seront poursuivis devant le tribunal correctionnel pour avoir manifesté en zone neutre. (Belgicatho)

Parmi elle, des membres de l’association  belge « Jeunes pour la Vie » (JPV) qui lutte depuis 1980 pour la promotion et la défense de la vie humaine depuis sa conception jusqu’à la mort naturelle ainsi que des valeurs morales et familiales. (cf. Aleteia).

L’association appelle à ne pas baisser les bras et  à laisser toute idée ou proposition par commentaire sur leur site ou par facebooktwitter.