Le Saint-Siège à l’ONU relie droits de l’homme et dignité de la personne

Intervenant mercredi 13 septembre dans le cadre du “Point 2” du débat général de la 54ème session du Conseil des droits de l’homme, le nouvel observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies et des institutions spécialisées à Genève et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Mgr Ettore Balestrero, a rappelé que «le droit à l’avortement n’est pas un droit de l’homme simplement parce que l’affirment une majorité d’États».

Alessandro Di Bussolo – Cité du Vatican (Vaticannews)

Dans son discours, le nouvel observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies et des institutions spécialisées à Genève, nommé le 21 juin dernier par le Pape François, Mgr Ettore Balestrero a estimé que l’enracinement des droits de l’homme «dans la dignité commune et inaliénable de la personne humaine» doit être renforcé, car il fait de la promotion des droits de l’homme elle-même «une source d’unité, au lieu d’être la proie de l’individualisme égoïste et de la division». Car les pressions ne manquent pas pour «réinterpréter les fondements» de la Déclaration universelle des droits de l’homme «et pour en saper l’unité interne, afin de faciliter le déplacement de la protection de la dignité humaine vers la satisfaction de simples intérêts, souvent particuliers», comme l’a dénoncé Benoît XVI à l’Assemblée de l’ONU le 18 avril 2008.

Après avoir rappelé qu’en 2023, le 10 décembre prochain, la communauté internationale et le Conseil célébreront le 75e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle, l’archevêque génois a souligné que «les droits de l’homme ne sont pas simplement un privilège accordé aux individus par consensus de la communauté internationale». Ils représentent plutôt «ces valeurs objectives et intemporelles qui sont essentielles au développement de la personne humaine».

Les “nouveaux droits” n’acquièrent pas de légitimité par la majorité

Cela signifie que «même si une société ou la communauté internationale refusait de reconnaître un ou plusieurs droits inclus dans la Déclaration, cela ne diminuerait pas la validité de ce droit et ne dispenserait personne de le respecter». Mais aussi que les soi-disant «nouveaux droits» n’acquièrent pas de légitimité «simplement parce qu’une majorité d’individus ou d’États l’affirment». L’exemple le plus frappant de cette conception erronée des droits, pour Mgr Balestrero, «est représenté par les quelque 73 millions de vies humaines innocentes qui sont interrompues chaque année dans le sein maternel, sous le prétexte d’un prétendu “droit à l’avortement”».

Les faibles sont encore trop souvent marginalisés

À l’occasion de l’anniversaire de l’adoption de la Déclaration historique, l’observateur permanent du Saint-Siège a souligné combien il est tragique que «75 ans plus tard, beaucoup de nos frères et soeurs souffrent encore de la guerre, des conflits, de la famine, des préjugés et de la discrimination». Il a déploré l’absence, trop souvent, de cet «esprit de fraternité» auquel la communauté internationale «est attachée sans équivoque» et a dénoncé le fait qu’aujourd’hui, trop souvent, «toute personne perçue comme faible, pauvre ou sans “valeur” selon certaines normes culturelles est ignorée, marginalisée ou même considérée comme une menace à éliminer». C’est pourquoi cet anniversaire, a-t-il affirmé, «offre une occasion importante de réfléchir aux principes fondamentaux qui sous-tendent la protection des droits de l’homme».

Soutenir les droits universels des pauvres

Afin de lutter contre la tendance à la discrimination et à la marginalisation des plus vulnérables, l’archevêque a expliqué «qu’il est essentiel d’adopter une option préférentielle pour les pauvres et les marginalisés, de défendre leurs droits universels et de leur permettre de prospérer et de contribuer au bien commun», comme l’a demandé à plusieurs reprises le Pape François dans ses appels à «lutter contre la culture du jetable». Concluant son discours, Mgr Balestrero a cité un passage de l’encyclique Fratelli tutti, dans laquelle le Souverain pontife invite à «nous engager à vivre et à enseigner la valeur du respect des autres, un amour capable d’accueillir les différences, et la priorité de la dignité de chaque être humain sur ses idées, ses opinions, ses pratiques et même ses péchés».